Manifestants anti Maduro le 20 juillet à Caracas, au Venezuela. | ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

Le cap des 100 morts depuis le début des manifestations violentes contre le président Nicolas Maduro a été dépassé vendredi 21 juillet au Venezuela, où l’opposition poursuit son offensive en nommant une Cour suprême parallèle.

Le 100e mort depuis le début des troubles est un jeune de 15 ans décédé jeudi aux cours d’une manifestation dans l’Etat de Zulia (ouest) durant la grève générale observée à l’appel de l’opposition, selon le parquet.

Trois autres annonces de décès sont intervenues dans la foulée, dont celui d’un homme 34 ans victime de tirs par arme à feu dans la banlieue de Caracas.

Le bilan des morts lors de cette vague de protestations depuis bientôt quatre mois s’élève pour l’heure à 103 morts.

L’opposition défile dans les rues du pays pour dénoncer la gestion de M. Maduro, qu’elle juge désastreuse, et réclamer une élection présidentielle anticipée. Les manifestations ont souvent été émaillées de confrontations entre protestataires et forces de l’ordre.

Jeudi, un appel à la grève générale a été lancé par les antichavistes – du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013, dont Nicolas Maduro est l’héritier – pour dénoncer le projet du chef de l’Etat de convoquer une Assemblée constituante.

Maduro au volant

Barricades, commerces fermés, transports à l’arrêt : le Venezuela a été en partie paralysé jeudi par cette grève. Lors de nombreux incidents, policiers et militaires ont lancé des grenades lacrymogènes et tiré du plomb de chasse pour disperser des manifestants qui barraient les rues.

Les blocages de rues se sont poursuivis dans la soirée de jeudi et la grève a pris fin vendredi à 10 heures.

Dans la matinée, des employés municipaux et des habitants enlevaient les décombres de la veille. Bus et métros circulaient normalement et les commerces avaient rouvert.

L’opposition a annoncé que son appel à la grève générale a été largement suivi, avec « 85 % de participation », selon le député Freddy Guevara, vice-président du Parlement.

Pour prouver le contraire, le chef de l’Etat a publié une série de vidéos sur son compte Twitter. On le voit circuler jeudi en début d’après-midi dans les rues du centre de la capitale au volant de son véhicule tout en commentant l’« échec » de la mobilisation. « Notre peuple est présent, en train de travailler », lance-t-il à plusieurs reprises en signalant des passants.

En face, les députés de l’opposition, majoritaire à l’Assemblée nationale, devaient tenir vendredi une session parlementaire dans la rue pour « nommer » 33 magistrats à la Cour suprême (TSJ). L’opposition estime que les 33 juges actuels ont été désignés de façon irrégulière par l’ancienne majorité chaviste, et que l’institution est aux ordres du pouvoir.

« On maintient la pression »

« On maintient la pression, on va nommer les magistrats et samedi on retourne dans la rue. La semaine prochaine c’est la dernière ligne droite pour réussir le changement au Venezuela et faire reculer cette fausse Constituante », a lancé Freddy Guevara.

Les antichavistes sont catégoriquement opposés à la désignation d’une Assemblée constituante. Elle permettra selon eux de contourner le Parlement, qu’ils contrôlent depuis les élections de décembre 2015.

Le 30 juillet, les 545 membres de l’Assemblée constituante doivent être élus avec pour mission de réécrire la Constitution.

Pour le gouvernement, cette future assemblée sera un « super pouvoir » qui pourra dissoudre le Parlement et dont la durée du mandat n’est pas définie.

Estimant le mode de désignation des candidats à la Constituante verrouillé et trop favorable au chavisme, l’opposition a choisi de boycotter le processus électoral.

70 % des Vénézuéliens sont contre le projet d’Assemblée constituante, selon l’institut Datanalisis. Un rejet confirmé par le vote massif de 7,6 millions de personnes à la consultation symbolique organisée par l’opposition dimanche.

Le président argentin Mauricio Macri, hôte d’un sommet du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) à Mendoza, a appelé vendredi à des élections au Venezuela et offert la médiation du bloc régional.