Trésors de Tahiti est le leader du Tour de France à la voile.

Distribution de fleurs de tiare, danses traditionnelles… C’était pour l’édition 2016 du Tour de France à la voile. Une délégation polynésienne était venue encourager l’équipage de Trésors-de-Tahiti emmené par le skippeur Teva Plichart. Cela faisait près de dix ans, depuis l’épopée de Tahiti-et-ses-Iles, deuxième du Tour 2007, que l’île emblématique du Pacifique Sud n’avait pas participé à l’épreuve.

Classé septième en 2016, l’équipage de Teva Plichart, Pierre Pennec, Manutea Mahai, Quentin Ponroy – recruté cette année –, fait mieux que défendre les couleurs de la Polynésie française dans le Tour de France à la voile qui s’achèvera le 30 juillet à Nice.

L’objectif assigné par Teva Plichart et Emmanuel Versace, le team manager et ancien journaliste au Monde, tous deux à l’origine du projet, de finir dans le top 5 est plus que jamais à leur portée. « En France, nous sommes passés du cliché de Tahiti faire-valoir de l’exotisme français à une équipe sportive performante », rappelle ce dernier.

Après avoir continué à s’entraîner cet hiver, en accueillant à Tahiti des équipages de renom, les Tahitiens naviguent aux avant-postes depuis les premières régates d’avant-saison avant de décrocher le titre de vice-champion de France de Diam 24, en mai dernier lors du Grand Prix de l’Ecole navale. De quoi attaquer la quarantième édition du Tour de France à la voile, le 7 juillet, parmi les favoris. Très réguliers depuis le début, ils s’emparent de la première place au classement général le 16 juillet, après l’étape d’Arzon, dans le Morbihan.

Aujourd’hui, toujours leader du classement, l’équipage porte des ambitions beaucoup plus grandes. « Notre projet repose sur trois piliers : le volet sportif avec la participation au Tour, la formation des jeunes, et le développement touristique », explique au Monde Emmanuel Versace, rencontré lors de l’étape de Jullouville, tout en avouant que cela a été très difficile de repartir pour une deuxième saison.

Malgré ses bons résultats de 2016, l’équipage a eu du mal à collecter les fonds nécessaires au projet. L’horizon s’est même assombri à quelques semaines de l’épreuve lorsque l’association Tahiti Elite Voile, la structure qui porte le projet, n’a pas obtenu la subvention espérée de l’Etat, alors que le gouvernement de Polynésie française avait honoré ses engagements à hauteur 12 millions de Francs Pacifique (environ 100 000 euros). Il manque pour le moment 70 000 euros à l’équipe pour rapatrier un troisième Diam 24 en Polynésie et poursuivre ses projets de développement.

Une ambition sociale

L’association Tahiti Elite Voile, créée en 2015, a pour objectif notamment de faire naviguer de jeunes Polynésiens défavorisés pour créer un mouvement leur permettant de se former aux standards internationaux de la navigation à voile. L’objectif des deux fondateurs est de faire émerger une nouvelle génération de marins capables de prendre la relève de Teva Plichart et du champion de catamaran de sport Billy Besson sur les podiums mais aussi de former des skippeurs tahitiens pour faire découvrir les eaux polynésiennes aux touristes.

Trésors de Tahiti est leader au classement général du Tour de France à la voile. | Morgan Bove/ASO

Un développement qui passe aussi par la promotion de l’archipel. Pour cela, l’association espère organiser du 16 au 26 novembre la première édition du Grand Prix de Tahiti pour les Diam 24. « Pour le moment, trois équipages sont intéressés et on proposerait trois bateaux en location pour ceux qui ne voudraient pas faire venir leur Diam à cause de l’éloignement », confie Emmanuel Versace, qui cherche encore un partenaire.

Mais pour le moment, l’équipage se concentre sur le Tour, les questions financières viendront après. A l’issue de la première journée de la septième étape, et alors qu’il ne reste plus qu’une semaine de régate, Trésors de Tahiti consolide son avance au classement général avec huit points d’avance sur l’équipage de Damien Seguin et Damien Iehl, FDJ-Des Pieds et des mains, et dix-neuf sur le Team Oman Sail, emmené par Thierry Douillard.

Depuis le début de l’épreuve, l’équipage tahitien montre dans les situations compliquées sa capacité à rebondir et à être présent au bon moment. Et même si la route est encore longue avant le dénouement final de Nice, Teva Plichart et ses hommes font briller les couleurs de Tahiti sur cette quarantième édition du Tour de France à la voile.