La police a procédé, lundi 24 juillet, à l’interpellation de 156 migrants en gare de Cannes ainsi qu’à celle de l’agriculteur militant Cédric Herrou qui les accompagnait jusqu’à Nice puis Marseille pour déposer une demande d’asile, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

« Il y a eu 156 interpellations, en majorité des personnes du Soudan », a indiqué la police. Une centaine ont été emmenées en car à Menton et les autres étaient sous garde policière en gare de Cannes en milieu de soirée, en attente d’être transférées à leur tour. Le militant de Breil-sur-Roya Cédric Herrou a également été arrêté, pour la sixième fois depuis l’an dernier, selon la même source.

Ces interpellations ont eu lieu deux jours après la venue de José Bové. Le député européen écologiste (EELV) était samedi à Tende, à la frontière franco-italienne, et il a lancé un appel au nouveau président de la République Emmanuel Macron pour que la France « accepte d’ouvrir ses frontières » aux « réfugiés ». « La France n’assume pas son rôle d’accueil » et le défenseur des droits Jacques Toubon « le dit aussi », avait déclaré M. Bové, venu soutenir l’association locale baptisée « Roya citoyenne » et Cédric Herrou, qui défendent les migrants venant de l’Italie voisine.

Un département dépourvu de centre d’accueil de première urgence

Depuis le mois d’avril, après que le préfet a été condamné pour atteinte grave au droit d’asile envers une famille érythréenne, Roya citoyenne a pu aider près d’un millier de personnes à entamer des démarches en vue d’obtenir l’asile, en toute légalité. Les migrants doivent se présenter au guichet du point d’accès au droit d’asile de l’association Forum réfugiés à Nice.

Or, depuis lundi, celui-ci n’enregistre plus que la minorité de demandeurs souhaitant rester dans les Alpes-Maritimes. Ce département est dépourvu de centre d’accueil de première urgence en raison du rejet émanant d’une majorité d’élus locaux. Une douzaine de migrants sur deux cents arrivés à Nice lundi sont allés s’enregistrer, et les autres ont tenté de poursuivre leur route jusqu’à la préfecture suivante, Marseille.

L’avocat de Cédric Herrou a confirmé son interpellation pour aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière. « Le plus grave, ce n’est pas que Cédric Herrou soit interpellé, je m’interroge sur la façon dont on traite ces personnes-là », a déclaré Me Zia Oloumi.

Le maire de Nice, Christian Estrosi (LR, pro-Macron), a dénoncé la présence de ces migrants en ville, et fait brièvement fermer un square, tandis que le président du conseil départemental Eric Ciotti (LR) a demandé à l’Etat de « faire cesser l’action de M. Cédric Herrou et de ceux qui le soutiennent ».