La Bourse d’Athènes, mardi 25 juillet. | Thanassis Stavrakis / AP

Cette fois, ça y est. Alors que le bruit courait depuis plusieurs semaines, la Grèce a réussi, mardi 25 juillet, un premier retour sur les marchés dont, à l’exception d’une incursion en 2014, elle était exclue depuis sept ans. Mardi 25 juillet, le pays a émis pour 3 milliards d’euros d’obligation à cinq ans à un taux de 4,625 %, selon la banque HSBC, qui a piloté l’opération. « C’est un succès absolu », s’est aussitôt réjoui le gouvernement hellène.

Dans le détail, l’opération combinait l’émission de nouveau titres, et l’échange des titres à cinq ans émis en 2014. « C’est un exercice de communication politique réussie », note Christopher Dembik, chez Saxo Banque, tout en se montrant sceptique pour la suite.

A première vue, l’opération s’est déroulée à merveille pour la Grèce. Il faut dire qu’elle a tout fait pour. Pour s’assurer que ses obligations trouvent preneurs, elle ne les a pas vendues directement par un système d’enchères (c’est l’« adjudication »), mais est passée par un petit groupe de banques expertes en la matière, qui les ont placées pour elle auprès de leurs clients (c’est la « syndication »). Outre HSBC qui pilotait l’opération, les banques BNP Paribas, Bank of America Merrill Lynch, Citi ont participé à l’opération.

A 4,625 %, le taux de l’emprunt est inférieur au seuil symbolique des 5 %. « C’est un bon résultat après toutes les péripéties qu’a connues la Grèce », estime Eric Dor, économiste à l’Ieseg. En revanche, la demande des investisseurs a atteint 6,5 milliards d’euros, soit peu par rapport aux 20 milliards de 600 investisseurs qu’avait attirés l’émission d’avril 2014.

Nuages restent nombreux

Pour Athènes, cette opération était un test. Le pays doit en effet préparer son retour sur les marchés, qui, en théorie, doit avoir lieu en 2018, lorsque le pays sortira du troisième plan d’aide (86 milliards d’euros, accordé à l’été 2015).

Après cette opération, peut-on dire que l’économie grecque se porte mieux. Question de point de vue. A court terme, l’horizon conjoncturel hellène s’éclaircit enfin : après huit années de récession, la croissance devrait s’établit à + 2,1 % en 2017, selon les prévisions de la Commission européenne.

Mais à moyen et long terme, les nuages restent nombreux. Le pays est essoré par des années d’austérité et de réformes. Le tissu industriel s’est évaporé et le secteur bancaire est très fragile. Surtout, deux questions cruciales restent en suspens.

La première est celle de la soutenabilité de la dette publique, qui dépasse les 180 % du PIB. Le Fonds monétaire international (FMI) lui-même en doute, et nombre d’économistes jugent qu’un nouvel allégement sera inévitable.

La seconde question, à laquelle les trois plans d’aide successifs n’ont pas permis de répondre, est celle du modèle économique de la Grèce. Quels seront, à l’avenir, les moteurs de l’activité ? Le tourisme est florissant, mais il ne peut pas suffire. Faut-il miser sur les services ? La réindustrialisation ?

Pour certains, ce retour sur les marchés est un signe encourageant. C’est le cas de Klaus Regling, directeur du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui ne manque ainsi pas une occasion de rappeler que Chypre, l’Irlande et le Portugal, les autres pays passés sous assistance internationale, comme la Grèce, ont rejoint les marchés « bien avant la fin de leur programme » d’aide.