Des viticulteurs français détruisent du vin espagnol devant un supermarché de Caissargues (Gard), le 30 mars. | BERTRAND LANGLOIS / AFP

Les ministres de l’agriculture français et espagnols se sont rencontrés mardi 25 juillet à Paris pour tenter de faire baisser la tension entre les deux pays sur la question viticole. Dans la foulée, un comité mixte France-Espagne consacré au vin, dont la création avait été annoncée le 24 mai, s’est réuni. Depuis cette annonce, le conflit entre les deux voisins s’était quelque peu apaisé sans attendre les travaux de ce comité.

« En 2016, on a eu un afflux de vin espagnol à bas prix, c’est moins vrai aujourd’hui », estime Samuel Masse, président des Jeunes agriculteurs (JA) de l’Hérault. En 2016, selon Jérôme Despey, président de la filière vin au sein de l’organisme public FranceAgrimer, « nous avons importé 7,6 millions d’hectolitres dont 5,4 millions d’hectos en provenance d’Espagne ». Un record historique. Avec des prix tirés vers le bas. Ces vins sans indication géographique ni mention de cépage se sont parfois négociés près du seuil des 35 centimes le litre.

De quoi faire monter la fièvre dans le Sud de la France. Pendant près d’un an, des actions pour dénoncer cette concurrence low cost se sont multipliées dans l’Aude, le Gard, l’Hérault et les Pyrénées-Atlantiques. Une région viticole qui a parfois du mal à valoriser ses volumes importants. Sous la bannière du Comité d’action viticole (CAV), des commandos se sont attaqués à des négociants déversant des flots de vins. Des camions espagnols ont aussi été pris à partie. Des viticulteurs membres de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des JA ont également visité des supermarchés pour dénoncer l’étiquetage des vins en provenance d’Espagne. D’où les crispations entre les gouvernements des deux pays.

Pratiques litigieuses

« L’Espagne s’est retrouvée avec un surplus qu’elle a voulu écouler. Nous n’avons rien contre l’exportation. Mais nous retrouvions dans les rayons des supermarchés des vins espagnols embouteillés en France et vendus sous des marques françaises comme Cambras ou Vieux Papes sans que l’origine du vin soit clairement identifiée. Il y avait même de la fraude à l’affichage avec des étiquettes indiquant vin de Pays d’Oc », raconte M. Masse. Les actions ont donc aussi contribué à dénoncer les pratiques litigieuses de la grande distribution, à les faire cesser et à obtenir plus de transparence dans les linéaires.

Depuis la fin du printemps, la situation en Espagne a évolué. « Les transactions se font autour de 50 à 60 centimes le litre. Avec les aléas climatiques, la sécheresse, le gel et la grêle, la sortie de récolte espagnole devrait être moindre cette année », estime M. Despey. La France, elle aussi, n’a pas été épargnée par les intempéries, qui s’attend à une vendange « historiquement basse ». Selon les données publiées par le ministère de l’agriculture, la récolte 2017 devrait se limiter à 37,6 millions d’hectolitres en chute de 17 % par rapport à 2016.

La situation s’est-elle améliorée pour autant dans les vignobles de l’Occitanie ? « Il y a des stocks importants. La situation reste délicate », affirme M. Despey. Et selon M. Masse : « Maintenant c’est l’Italie qui écoule en France sa surproduction… »