Entre les viticulteurs, les cavistes, les sommeliers, les employés saisonniers ou encore les salariés de la grande distribution, la viticulture est source de centaines de milliers d’emplois, directs et indirects. | NICOLAS TUCAT / AFP

Comment sera le cru 2017 ? S’il n’est pas encore possible de juger de la qualité du vin millésimé de cette année, la quantité sera, elle, moins importante. La récolte du raisin pourrait être « historiquement basse et inférieure à celle de 1991 », a annoncé Agreste, le bureau des statistiques du ministère de l’agriculture, dans sa dernière parution. Une baisse qui résulte du gel sévère ayant eu lieu au printemps et qui n’a épargné aucun bassin viticole.

Cette année, Agreste estime la récolte « à 37,6 millions d’hectolitres », un chiffre « inférieur de 17 % à celle de 2016 et de 16 % à la moyenne des cinq dernières années ». Une situation qui pourrait affecter « fortement la production du Sud-Ouest (essentiellement du Bordelais), des Charentes, du Jura et de l’Alsace ».

Si la chute de production devrait impacter l’ensemble du secteur, les vins pour eaux-de-vie devraient être les plus touchés, avec une perte estimée à 31 % ; les labels AOP (appellation d’origine protégée) et IGP (indication géographique protégée), eux, sont les vins qui devraient résister le mieux à ces difficultés de production.

Mais Agreste précise que « ces estimations sont fragiles et susceptibles d’être révisées, au regard de la grande hétérogénéité des situations au sein de chacun des bassins de production ». La qualité de la récolte dépendra également du « climat jusqu’aux vendanges et des conditions de récolte », a expliqué à l’Agence France-Presse Philippe Faure-Brac, vainqueur du concours du meilleur sommelier du monde en 1992.

Toujours est-il qu’une baisse de récolte pourrait avoir des conséquences financières importantes sur la filière viticole, secteur important de l’économie française.

Un produit qui s’exporte

En tant que produit réputé aux quatre coins du globe, le vin français est énormément consommé à l’étranger. La France dispose de solides ressources, puisque les surfaces de vignes de cuve recouvrent 785 000 hectares et qu’elle est le deuxième pays producteur de vin au monde, derrière l’Italie.

Selon le rapport annuel de la Fédération des exportateurs de vin et spiritueux (FEVS) pour l’année 2016, les ventes de vin et de spiritueux ont rapporté 10,5 milliards d’euros, soit « l’équivalent de la vente de 118 Airbus ». Le vin est d’ailleurs à la deuxième place des exportations françaises, loin derrière l’aéronautique, mais devant les parfums et cosmétiques.

Mais si la balance commerciale des vins et spiritueux a augmenté de 1 % entre 2015 et 2016, passant de 10,4 milliards à 10,5 milliards d’euros, trois des cinq marchés les plus importants pour la France – le Royaume-Uni, l’Allemagne et Singapour – ont diminué leurs importations de vin français. Des chiffres cependant bien plus faibles que ceux de la Chine et des Etats-Unis, dont les importations de vin français ne cessent de grimper et qui ont encore augmenté, respectivement de 8 % et 13 % entre 2015 et 2016.

Une consommation importante en France

Si les produits viticoles se vendent très bien à l’étranger, ils restent également très populaires à l’intérieur des frontières, puisque 60 % des vins et des spiritueux sont consommés en France. En moyenne, un Français boit 42 litres de vin par an. La consommation a fortement chuté depuis les années 1960, où la moyenne était de 100 litres par an et par personne, mais elle reste supérieure aux autres pays européens.

Un secteur qui emploie

Entre les viticulteurs, les cavistes, les sommeliers, les employés saisonniers ou encore les salariés de la grande distribution, la viticulture est source de centaines de milliers d’emplois, directs et indirects. D’après la douane, en charge de la réglementation, le secteur viti-vinicole représente 290 000 emplois (dont 120 000 emplois directs) ; l’association Vin et société, composée de spécialistes du milieu viticole, évoque même 558 000 emplois.

La saison des vendanges permet également l’emploi massif de saisonniers, 120 000 personnes rien que pour le Champagne, car le raisin est coupé à la main. Dans un communiqué de presse daté de mai 2016, l’Association nationale emploi formation en agriculture (Anefa) précise que 45 % des 854 000 contrats saisonniers qui ont été signés en 2014 dans l’agriculture l’ont été dans la viticulture. L’Anefa spécifie même que « 336 000 contrats ont spécifiquement été signés pour les vendanges ».

Un attrait touristique

Avec plus de dix milles caves œnotouristiques et trente et un musées ou sites, dont la thématique est liée au vin, la France a pris conscience du pouvoir d’attraction que pouvait constituer ce produit. D’après les chiffres disponibles sur le site de Vin et société, ce secteur ferait affluer 10 millions de touristes par an, dont 42 % d’étrangers. Des touristes qui peuvent également consommer du vin dans des cafés, hôtels ou restaurants, puisque, selon une étude de FranceAgriMer, 96 % d’entre eux proposent le vin au verre.