Les salariés de l’usine GM&S, mardi 24 juillet. | PASCAL LACHENAUD / AFP

C’était une « condition suspensive » fixée par GMD. Le seul repreneur potentiel de l’équipementier automobile creusois en liquidation judiciaire GM&S Industry a annoncé, mercredi 26 juillet, souhaiter racheter les murs de l’usine de La Souterraine (Creuse) pour un montant d’un million d’euros. Cette annonce intervient cinq jours avant la décision du tribunal de commerce de Poitiers sur son offre de reprise.

Alain Martineau, patron de GMD, a confirmé ce projet de rachat, estimant qu’il s’agissait de la solution la « plus simple », puisqu’il « y a des choses à remettre en état ». « L’entreprise va retrouver ses actifs, elle va retrouver ses murs », a déclaré le potentiel repreneur du site.

La question des bâtiments était l’un des principaux points de blocage du dossier. M. Martineau refusait de payer le loyer de 180 000 euros par an, exigé par les propriétaires actuels.

Le patron de GMD voulait que la communauté de communes de La Souterraine rachète les murs à la SCI propriétaire, mais la transaction d’un million d’euros était démesurée pour une collectivité territoriale, dont le budget annuel de fonctionnement est de 13 millions d’euros. Un montage financier, avec la région notamment, aurait pris des mois.

« Les salariés sont à bout, ils n’en peuvent plus »

Du côté des salariés, l’annonce d’un rachat des murs a été accueillie plutôt positivement. Yann Augras, délégué CGT, a salué la volonté du patron stéphanois d’« investir un million d’euros de sa poche et donc (…) de pérenniser le site en s’appuyant sur ses compétences et savoir-faire ».

L’élu du personnel a toutefois souligné que ce rachat serait bénéfique pour l’entreprise « si et seulement si, contrairement à ceux qui l’ont précédé, il ne prélève aucun loyer », via une société civile immobilière (SCI).

GM&S : les « conditions suspensives pas levées », juge le repreneur potentiel GMD

Les « conditions suspensives » posées par l’emboutisseur GMD à une reprise de l’équipementier automobile creusois GM&S Industry restent à lever, a déclaré mardi 18 juillet le PDG de GMD, Alain Martineau.

« L’ensemble des conditions suspensives ne sont pas levées » et « s’il n’y a pas de prolongation de la période d’observation, notre offre ne sera pas finalisée », a-t-il ajouté.

Le tribunal de commerce de Poitiers doit examiner mercredi l’offre de reprise de GMD et peut-être décider dans la foulée de l’avenir de GM&S et de ses 277 salariés, en liquidation judiciaire avec période d’observation jusqu’au 21 juillet.

En outre, « cet investissement d’un million pourrait aussi bien servir à justifier le fait que M. Martineau ne réévalue pas à la hausse son offre de reprise en termes d’emplois », a ajouté Yann Augras. Qui a prévenu que le PDG ne sera pas « accueilli avec un tapis rouge », jeudi, car « les salariés sont à bout, ils n’en peuvent plus ».

Rencontre cruciale

Le patron de l’emboutisseur stéphanois a prévu, en effet, de se rendre jeudi à La Souterraine pour présenter son projet aux salariés. Ces derniers réclament le maintien de plus d’emplois, alors que GMD a annoncé que son offre ne concernerait que 120 des 277 salariés.

La rencontre entre M. Martineau et les salariés s’annonce cruciale, alors qu’un vote positif des employés de GM&S est requis pour que la justice valide l’offre de reprise. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a appelé les salariés de GM&S à « considérer favorablement » la proposition de reprise. L’acceptation par les salariés de « la solution qui est aujourd’hui sur la table » constitue désormais « la dernière condition suspensive » à la reprise du site, est-il précisé dans un communiqué de Bercy.

GM&S, au poids économique crucial en Creuse, où il est le deuxième employeur privé, est dans l’attente d’une décision du tribunal de Poitiers, lundi 31 juillet : celui-ci doit opter soit pour une liquidation, soit pour une reprise par GMD de l’entreprise, qui avait été placée en redressement judiciaire il y a huit mois, puis en liquidation judiciaire le 30 juin.

Les salariés ont assuré qu’ils iraient en nombre à Poitiers pour la prochaine audience : deux autocars sont d’ores et déjà affrétés, bien que le personnel soit en vacances à partir du week-end, l’usine GM&S fermant traditionnellement en août. Les syndicalistes ont mis en garde contre l’illusion pour les parties au dossier de miser sur une démobilisation du personnel pendant les vacances.