Waisea Nayacalevu et Josaia Raisuqe comparaîtront mercredi 29 novembre au matin, devant la 24e chambre correctionnelle, au tribunal de grande instance de Paris. | THIERRY ZOCCOLAN / AFP

Ces sportifs le savent déjà : leur avenir se jouera, la saison prochaine, ailleurs que sur un terrain de rugby. Waisea Nayacalevu et Josaia Raisuqe comparaîtront le 29 novembre au matin devant la 24e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, ont-ils appris mardi 25 juillet. Les deux rugbymen professionnels du Stade français font l’objet d’un dépôt de plainte pour violence volontaire en état d’ivresse. M. Raisuqe tombe, en outre, sous le coup d’une plainte pour agression sexuelle.

Dans un communiqué publié mercredi sur son site Internet, le club parisien a fait savoir qu’il avait dès à présent mis à pied les deux joueurs à titre « conservatoire ». Tous deux ont également reçu une convocation pour « un entretien préalable à une sanction disciplinaire » lors duquel « ils pourront s’expliquer auprès du club sur les faits qui leur sont reprochés ».

Les sportifs fidjiens ont déjà reconnu leur état d’ébriété et le fait d’avoir porté des coups à autrui, précise leur avocat, Me Thomas Klotz. En revanche, ils démentent « avec beaucoup de détermination » le second chef d’inculpation.

Cellule de dégrisement et garde à vue

L’incident remonte à la nuit du samedi 22 au dimanche 23 juillet. A un mois du prochain championnat de France, les deux joueurs s’offraient une pause dans leur préparation estivale et ont passé une fin de soirée arrosée devant la discothèque Les Nuits fauves, quai d’Austerlitz, dans le 13e arrondissement de Paris.

Une plaignante accuse Josaia Raisuqe d’avoir « touché [sa] poitrine de manière brutale », selon la plainte consultée par l’Agence France-Presse (AFP). Cette éducatrice spécialisée de 35 ans avait fait le déplacement avec deux amis, un homme et une femme, qui ont tenté de s’interposer et affirment avoir reçu plusieurs coups de poing de la part des rugbymen. Une consultation médicale leur prescrit deux et trois jours d’interruption totale de travail (ITT). Les rugbymen, eux, ont fini la soirée en cellule de dégrisement, puis en garde à vue. Avant une confrontation avec leurs victimes au commissariat, lundi, au surlendemain de l’altercation.

Dès dimanche, l’histoire circulait sur Internet après un message de l’homme ayant porté plainte pour violence volontaire en état d’ivresse. Sur le réseau social Facebook, celui-ci se dit « enragé contre la bêtise, la lâcheté et la violence des hommes qui se déchaînent trop souvent contre les femmes ». Le texte se conclut avec l’espoir « que la justice condamne » ces sportifs qualifiés de « brutes », et que le Stade français prenne la décision de les exclure. Le jour même, le club publie sur son site officiel un communiqué appelant « à la prudence dans les commentaires ».

En avril, les dirigeants du FC Grenoble rugby avaient déjà mis à pied « à titre conservatoire » et convoqué « à un entretien préalable en vue d’une éventuelle rupture anticipée de leur contrat » trois joueurs mis en examen pour viol en réunion, après la plainte d’une jeune femme de 21 ans à l’issue d’une sortie en discothèque. Trois joueurs qui ont quitté l’équipe alpine cet été.

Opération de com’ compliquée

Quelle issue pour le Stade français avec Waisea Nayacalevu, 27 ans, 1,93 mètre pour 105 kilos, meilleur marqueur d’essais du championnat de France la saison dernière, et avec Josaia Raisuqe, qui fêtait précisément ses 23 ans samedi ? Leur situation complique en tout cas l’opération de communication du club, à la relance après des mois mouvementés qui ont menacé jusqu’à son existence : d’abord, en mars, un projet de fusion avorté avec les voisins du Racing ; puis, en mai, les négociations pour l’arrivée d’un nouveau repreneur.

L’entrepreneur Hans-Peter Wild, milliardaire dans l’industrie du jus de fruit, a finalement fait l’acquisition de ce club historique, déjà quatorze fois champion de France, lauréat cette année du Challenge européen. L’Allemand compte sur l’image des « Stadistes » pour développer le rugby outre-Rhin. Il a déjà prévu d’accueillir l’effectif parisien pour un stage de préparation dans son complexe sportif et sa ville natale, à Heidelberg, du 7 au 11 août. Avec ou sans ses ailiers fidjiens, selon la durée de leur à mise à pied sportive.

Sur le plan pénal, le code prévoit jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende pour des violences en état d’ivresse causant une ITT inférieure ou égale à huit jours. Et jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende pour une agression sexuelle avec la circonstance aggravante de l’ébriété. L’avocat des deux rugbymen, qui rappelle la présomption d’innocence et évoque un dossier « très confus », a désormais quatre mois pour étayer leur défense.