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LE SECRET DES BANQUISES avec Guillaume Canet et Charlotte Le Bon - Bande-Annonce

On peut raconter Le Secret des banquises comme un conte d’Andersen. Il était une fois un prince ténébreux qui avait voué son existence à la quête de l’immortalité, qu’il croyait trouver dans les entrailles d’un oiseau magique. Il était aimé en secret par une humble servante qui était prête à tout, même à se soumettre aux sorts les plus sulfureux, pour attirer l’attention du prince.

Le premier long-métrage de Marie Madinier a donc ça à son actif : mettre en mouvement une comédie romantique à force d’aspirations d’une élévation peu commune – la volonté de tutoyer les dieux, le désir d’aimer sans partage. Dans la même colonne, celle des actifs, on mettra la désertion des décors habituels au profit d’un laboratoire construit autour d’une banquise, et une habileté qui ne se dément pas tout au long du film à passer d’un registre à l’autre.

Charme fragile et vigoureux

Bien sûr, cette histoire d’amour ne fait pas battre le cœur aussi fort qu’il le devrait et les mécaniques comiques soulèvent le coin des lèvres plus qu’elles n’enclenchent des rires homériques. Ces imperfections finissent par s’intégrer au charme fragile et pourtant vigoureux du Secret des banquises.

Dans son laboratoire, le professeur Quignard (Guillaume Canet) travaille depuis des années à rendre compatible avec l’organisme humain une hormone qui immunise les manchots d’Antarctique contre toutes les maladies pendant la couvaison. Dans un appentis, Christophine (Charlotte Le Bon) se languit en espérant qu’un jour le professeur la remarquera. Dans le rôle des serviteurs maladroits mais bien intentionnés (voir Timon et Pumba, par exemple), deux chercheurs (Anne Le Ny et Patrick d’Assumçao) reflètent les incertitudes qui agitent les deux personnages principaux.

Guillaume Canet et Charlotte Le Bon | Les films du lendemain

C’est que l’idylle entre le professeur et la laborantine oblige cette dernière à des extrémités que les comités d’éthique réprouvent. Comme, par ailleurs, Marie Madinier (également scénariste) décortique, dissèque et reconstruit, peut-être avec un esprit de système trop développé, tous les clichés du genre – la comédie romantique – auxquels elle s’est attaquée, on n’a pas une minute à soi pendant cette brève (80 minutes) projection.

Ce n’est qu’a posteriori qu’apparaît la faiblesse essentielle du film. Entre Guillaume Canet et Charlotte Le Bon ne circule qu’un courant de faible intensité. Le premier reste à la limite entre renfrogné et mystérieux pendant que la seconde se jette à corps perdu (et ce n’est en l’occurrence pas qu’une image) dans son rôle d’éperdue. Mais pourquoi s’en souvenir quand on garde en mémoire les moments délicatement absurdes que recèle Le Secret des banquises.

Le Secret des banquises, de Marie Madinier. Avec Guillaume Canet, Charlotte Le Bon, Anne Le Ny, Patrick d’Assumçao (Fr., 2016, 81min).