La ministre du travail Muriel Pénicaud, le 25 janvier 2017. | BERTRAND GUAY / AFP

Alors que les sénateurs examinent le projet de loi sur la réforme par ordonnances du code du travail, la ministre Muriel Pénicaud a été attaquée, jeudi 27 juillet, sur des profits réalisés alors qu’elle était directrice des ressources humaines chez Danone, quelques années plus tôt.

Suivant la publication d’une enquête du quotidien L’Humanité, les sénateurs l’ont interrogée sur une plus-value d’un million d’euros réalisée en 2013, deux mois environ après l’annonce d’un plan social et de la suppression, d’ici à 2014, de 900 postes de cadres en Europe, dont 230 en France.

Selon des chiffres du rapport financier annuel de Danone de 2013, Mme Pénicaud a réalisé 1,129 million d’euros de plus-values le 30 avril 2013, en une journée. La transaction portait sur un lot de 55 120 actions acquises 34,85 euros l’unité – le cours de l’action en 2009, très inférieur à celui d’avril 2013 –, et revendues aussitôt 58,41 euros l’unité, au cours du marché.

« Approximations démagogiques »

Cette plus-value « a été réalisée grâce à une flambée boursière en faveur de Danone suite à l’annonce de la suppression de 900 emplois », a accusé Éliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat. « Ce point est extrêmement grave sur le plan éthique, et peut-être sur le plan juridique, car de par vos fonctions vous avez organisé ce plan social et en avez récolté les fruits pour votre profit personnel. »

« De là à parler de délit d’initié, il n’y a qu’un pas », a ajouté la sénatrice, soulignant que ces révélations dans L’Humanité surviennent alors que le gouvernement « se livre à des comptes d’apothicaire pour serrer de plusieurs crans la ceinture de notre peuple ».

« Nous sommes ici pour fabriquer la loi, non pour répandre des approximations démagogiques à propos de personnes singulières », a aussitôt répliqué Mme Pénicaud. Si « chacun peut avoir son appréciation sur le niveau de la rémunération des dirigeants de grandes entreprises internationales », elle a assuré qu’« il s’agit d’une rémunération décidée plusieurs années avant le plan de départs volontaires que vous citez, qui a concerné 233 personnes ».

Des députés communistes et LFI ont également interpellé la ministre, à l’Assemblée nationale et sur Twitter, tout comme Benoît Hamon, l’ex-candidat socialiste à l’élection présidentielle.