L’interdiction des transgenres dans l’armée américaine, annoncée par le président Donald Trump, mercredi 26 juillet, a suscité tristesse et effroi dans la communauté LGBT américaine, notamment parmi les premiers concernés : les vétérans.

L’ancienne « Navy Seal » Kristin Beck a ainsi mis au défi Donald Trump de la rencontrer. « Voyons-nous en tête-à-tête et dites-moi que je ne suis pas digne » de servir dans l’armée, a-t-elle déclaré sur le site d’informations Business Insider, après avoir été décorée pour bravoure et blessure au combat. Née Christopher, elle s’est déclarée transgenre après vingt ans passés dans l’unité d’élite des forces spéciales américaines, notamment en Bosnie, Irak et Afghanistan. Des années durant lesquelles elle « défendai [t] la liberté individuelle », « pour les républicains », « pour les démocrates », « pour tous », dit-elle.

Kristin Beck, en 2014. | AP Photo/FBI

« J’aimerais les voir essayer de me virer de mon armée », a renchéri un autre militaire américain transgenre, le sergent Logan Ireland, dans le magazine Air Force Times qui publie une photo de lui le montrant en tenue de combat devant un véhicule blindé. Marié à une femme transgenre qui a également servi dans l’armée, il était apparu avec elle, en 2015, dans un documentaire du New York Times intitulé « Transgenre, à la guerre et à l’amour ». Cela faisait trois ans qu’il avait entamé sa transition vers le sexe masculin.

« Je contesterai [la décision en justice] », a-t-il pour sa part prévenu. « Vous ne me priverez pas du droit de servir mon pays quand je suis pleinement qualifié et prêt à risquer ma vie », a-t-il affirmé, tout en ajoutant qu’il « aim [ait] [le] servir ». Avant de lancer à l’adresse de ceux qui défendent cette interdiction :

« Je ne me suis jamais décrit comme trans. () Ne ternissez pas mon titre avec votre fanatisme et votre peur de l’inconnu. »

« Une carrière balayée par un tweet »

Dans le Time, Alaina Kupec, qui a rejoint la Navy dans les années 1990, rappelle qu’il y a « beaucoup de transgenres qui ont servi en silence comme moi ». « Mon cœur souffre pour tous les soldats et marins transgenres, qui ont tout donné pour ce pays et dont la carrière est balayée par un tweet négligent », regrette-t-elle.

Sachant qu’elle pouvait être démise de ses fonctions si elle évoquait son désir de devenir une femme, Alaina Kupec a décidé après quatre ans de service de retourner à la vie civile pour devenir directrice marketing dans l’industrie pharmaceutique. L’interdiction « m’a forcée à faire un choix que je n’aurais pas fait autrement », dit-elle en rappelant que les personnes transgenres sont ouvertement acceptées dans l’armée israélienne et dans celle du Royaume-Uni.

« Pourquoi infliger cela à des gens qui font aujourd’hui leur travail, qui veulent faire leur travail et peuvent faire leur travail ? C’est un mauvais service rendu aux personnes qui veulent simplement servir leur pays », estime pour sa part Brynn Tannehill, qui a été lieutenant dans la marine.

Début juillet, le secrétaire à la défense, James Mattis, avait annoncé qu’il retardait de six mois, au 1er janvier, l’ouverture du recrutement militaire américain aux personnes transgenres, décidée par Barack Obama. Une mesure qui ne verra donc pas le jour sous la présidence Trump. Selon le ministère de la défense, il y aurait déjà de 2 500 à 7 000 personnes transgenres parmi les 1,3 million de militaires américains en activité.