Jeudi 27 juillet, des affrontements ont éclaté entre policiers et fidèles musulmans sur l’esplanade des Mosquées. | Mahmoud Illean / AP

L’esplanade des Mosquées à Jérusalem devait voir le retour vendredi 28 juillet des fidèles musulmans pour la prière hebdomadaire, après 15 jours de boycott et dans un climat de tension persistante, en dépit du retrait par Israël des mesures de sécurité controversées.

Jeudi, peu après l’entrée sur l’esplanade de milliers de fidèles musulmans pour la prière de l’après-midi, des affrontements ont éclaté avec l’arrivée d’un groupe de policiers israéliens, faisant une centaine de blessés, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Et en soirée, la tension restait vive.

Les Palestiniens avaient cessé de se rendre sur l’esplanade pour protester contre la mise en place, aux entrées de ce site ultrasensible situé à Jérusalem-Est – secteur palestinien de la ville sainte occupé et annexé par Israël –, de mesures de sécurité controversées, dont les dernières ont été levées jeudi matin.

Le site religieux est appelé Noble sanctuaire par les musulmans et Mont du Temple par les juifs.

Mettre fin au boycott

Un responsable du Waqf, l’organisme chargé des biens musulmans à Jérusalem, a appelé jeudi les Palestiniens à mettre fin à leur boycott et à se rendre à Al-Aqsa, une des deux mosquées qu’abrite l’esplanade.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a soutenu cet appel.

Les heurts jeudi ont commencé peu après que les policiers israéliens se sont introduits dans la foule, des Palestiniens leur jetant des projectiles et les forces israéliennes lançant des grenades assourdissantes.

Selon la police israélienne, des pierres avaient été jetées sur des agents sur l’esplanade même.

« A l’entrée des fidèles sur le Mont du Temple, certains ont jeté des pierres sur des officiers, certaines tombant sur la place du mur Occidental », a-t-elle indiqué, en référence au mur des Lamentations, lieu saint juif situé en contrebas de l’esplanade.

« Une force de police sur le site a repoussé les perturbateurs avec des moyens de dispersion anti-émeutes. Un officier a été blessé à la tête par une pierre », a-t-on ajouté.

Des violences avaient éclaté la semaine dernière après l’installation, le 16 juillet, de détecteurs de métaux aux entrées du site, au surlendemain d’une attaque qui avait coûté la vie à deux policiers israéliens près de l’esplanade des Mosquées.

Cinq Palestiniens avaient été tués et des centaines de blessés dans des affrontements avec les forces de l’ordre israéliennes à Jérusalem Est et en Cisjordanie occupée.

Jeudi, le ministère palestinien de la Santé a fait état du décès d’une sixième personne, Mohammed Kanaan, 26 ans, blessé lundi dans des heurts avec les forces israéliennes.

Trois colons israéliens avaient en outre été poignardés à mort le 21 juillet en Cisjordanie par un Palestinien. Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a réclamé jeudi sa condamnation à mort.

Retrait des portiques et des caméras

Après d’intenses pressions de la communauté internationale qui craignait une escalade, Israël a retiré mardi les détecteurs de métaux, puis, jeudi, les derniers éléments du nouveau dispositif de sécurité.

« La police est revenue aux mesures de sécurité en vigueur avant l’attaque terroriste (…) du 14 juillet », a déclaré une porte-parole de la police, en référence à l’attaque contre les deux policiers israéliens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a indiqué qu’aucune décision n’avait encore été prise sur la reprise de la coordination sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et Israël, dont il avait annoncé le gel la semaine dernière.

Il avait fait du retrait des nouvelles mesures de sécurité un préalable à la reprise de la coordination sécuritaire.

Israël avait justifié la mise en place de nouvelles mesures en affirmant que les assaillants des deux policiers israéliens avaient dissimulé sur l’esplanade des armes et en étaient sortis pour mener leur attentat.

Mais les Palestiniens y avaient vu une tentative d’Israël d’affermir son contrôle sur ce site, que les juifs considèrent comme leur lieu le plus sacré et les musulmans leur troisième lieu le plus saint.

L’Etat hébreu contrôle les entrées du site mais celui-ci est géré par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier.

Les autorités israéliennes ont assuré qu’elles n’avaient pas l’intention de modifier ces règles tacites.

Mais la Ligue arabe, qui tenait une réunion d’urgence, a accusé jeudi Israël de vouloir imposer sa souveraineté sur l’esplanade et Jérusalem Est.