Dans les collines aux abords de Bormes-les-Mimosas, dans le Var, le 27 juillet. | JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Après trois jours de combats contre les flammes, les sapeurs-pompiers sont enfin parvenus, jeudi 27 juillet, à fixer l’incendie qui a brûlé environ 1 600 hectares à Bormes-les-Mimosas (Var), mais pas à éteindre la colère de son maire (divers droite). « Un feu qui démarre à 22 heures en sachant que les avions ne pourront pas décoller, ce n’est pas un hasard, ça ne se déclare pas par l’opération du Saint-Esprit, s’est emporté François Arizzi, à bout, au poste de commandement. Je suis en colère. Il faut trouver les coupables et les condamner. »

Car l’élu n’a plus de doute : l’incendie qui a ravagé une partie de sa commune ne peut être que d’origine criminelle. « C’est un incendie volontaire. Il faut arrêter de se voiler la face, lance-t-il. Des gens prennent un malin plaisir à en voir d’autres en difficulté. » Et de rappeler cette anecdote un peu folle : « il y a plusieurs années, on avait même trouvé des pompiers volontaires qui allumaient des feux parce qu’ils ne voulaient pas repartir. » M. Arizzi insiste : « Je ne suis pas enquêteur, ça n’engage que moi, mais c’est mon intime conviction. »

« Trop tôt pour dire que l’incendie est d’origine criminelle »

Que pensent, justement, les « enquêteurs » de « l’intime conviction » de l’édile ? « On peut comprendre que le maire de Bormes, qui vient de voir partir en fumée plus de 1 500 hectares dans une ville qui vit du tourisme, soit déçu et en colère, mais je suis toujours surpris par les déclarations des politiques », confie au Monde le capitaine Christian Rouvier. Adjoint au commandant de la gendarmerie d’Hyères, il a sous ses ordres la brigade de recherche chargée des investigations sur l’incendie qui a durement touché les communes de Bormes-les-Mimosas et de La Londe-les-Maures, d’où est parti le feu dans la nuit du mardi 25 juillet.

« L’enquête ne fait que commencer, il est trop tôt pour dire qu’il est d’origine criminelle car on n’a rien trouvé de flagrant comme des systèmes d’allumage, indique le capitaine Rouvier. Le travail va être long. » Il relève toutefois que plusieurs témoignages ont été recueillis – des gens « qui ont vu ou cru voir des choses ». Et que l’on sait désormais que le feu est parti d’un terrain vague bordant la départementale 98, provoquant l’explosion de bonbonnes de gaz dans un entrepôt de caravanes tout proche, avant de se propager.

La brigade de recherche travaille sur plusieurs hypothèses et ne veut en négliger aucune. « Il y a trois pistes : criminelle, accidentelle, naturelle, énumère Christian Rouvier. Elles sont encore toutes ouvertes et nous allons les refermer au fur et à mesure de l’enquête jusqu’à trouver la bonne. » La piste « naturelle » semble toutefois la plus éloignée car, comme le fait remarquer le gendarme, « même si la végétation est très sèche, il n’y a pas eu d’orage », qui aurait pu être l’élément déclencheur.

« C’est complètement faux »

« Ça peut aussi être un mégot. » Qu’un automobiliste indélicat aurait jeté sur le bord de la départementale 98 au niveau du terrain vague : c’est l’une des pistes privilégiées aux terrasses de café de Bormes-les-Mimosas. Une autre tient la corde aux comptoirs. Mais celle-là, le capitaine tient à lui tordre le coup sans attendre la fin de l’enquête. Que raconte-t-elle ? Que le feu aurait été mis dans le terrain vague car celui-ci jouxte un hôtel Formule 1 que certains auraient bien voulu voir réduit en cendres avant qu’il ne se mue en centre d’hébergement pour réfugiés comme c’est prévu en septembre. « Ça, non, tranche Christian Rouvier. Tous les éléments que nous avons déjà pu rassembler ne vont pas dans ce sens. »

A La Croix-Valmer, également ravagée par les flammes, c’est un autre commandant, celui des pompiers, qui referme une autre piste fumeuse : une personne âgée aurait fait un barbecue au milieu des sentiers forestiers. « C’est complètement faux », rapporte Philippe Gambe de Vergnes qui penche, lui, plutôt, pour l’hypothèse accidentelle : avec pour coupable « la clope ».

Comme celui de Toulon pour l’incendie de Bormes-les-Mimosas, le procureur de la République de Draguignan a ouvert une enquête des suites de l’incendie de La Croix-Valmer et une autre après celui, toujours en cours, d’Artigues. Aucune n’a débouché pour l’heure sur des éléments concrets. Dans les Bouches-du-Rhône, les enquêtes semblent avancer plus vite. Deux adolescents ont été placés en garde à vue après le feu de Martigues et une autre personne pour celui de Peynier.