L’unique centre de « déradicalisation » de France, au lieu-dit de Pontourny en Indre-et-Loire, d’une capacité de vingt-cinq personnes mais qui n’accueille plus aucun pensionnaire depuis février, va être fermé, a annoncé, vendredi 28 juillet, le ministère de l’intérieur.

« L’expérience ne s’est pas révélée concluante, a déclaré le ministère dans un communiqué. L’expérimentation d’un centre d’accueil ouvert, fonctionnant sur la base du volontariat, a montré ses limites. Le gouvernement a ainsi décidé de mettre un terme à l’expérimentation conduite à Pontourny, sur la commune de Beaumont-en-Véron. »

En septembre 2016, le gouvernement avait décidé d’ouvrir à titre expérimental ce centre, vite controversé, avec pour objectif de « préparer, proposer et dispenser une offre et un programme pédagogique utilise à la réinsertion de jeunes radicalisés en voie de marginalisation ». Mais le centre n’a, au total, accueilli que neuf pensionnaires, et aucun d’entre eux n’a suivi le programme jusqu’à son terme, souligne le ministère de l’intérieur.

Il avait vu partir son dernier pensionnaire après que celui-ci avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour des faits de violences familiales. Critère rédhibitoire pour rester au centre, même si les faits étaient anciens. Le 17 janvier, un autre de ses pensionnaires, Mustafa S., 24 ans, avait été interpellé lors d’une opération antiterroriste dans le Bas-Rhin à l’occasion d’une permission de sortie. Il avait tenté par deux fois de rejoindre la Syrie.

« Mobilisation du droit commun »

Cette fermeture ne signifie pas pour autant « l’abandon d’une politique de prise en charge des publics en voie de radicalisation dans des structures adaptées », affirme le ministère. « Le gouvernement étudiera la possibilité d’ouvrir des structures de petite taille » pour y développer des solutions alternatives à l’incarcération, ajoute-t-il sans plus de détails.

En raison de l’explosion du phénomène de la radicalisation en 2014, la tendance dans les ministères a été d’imaginer des dispositifs spécifiques en milieu ouvert comme à Pontourny, ou fermé en prison avec les unités spécialement affectées. Mais les choses ont changé depuis l’automne 2016. « On insiste sur une mobilisation du droit commun », expliquait, en février dernier au Monde, la secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), Muriel Domenach.

L’idée défendue était plutôt de « former et structurer les réseaux de travailleurs sociaux : Maison des adolescents, éducateurs spécialisés, missions locales, Fédération des psychologues… »