Un tribunal turc a ordonné vendredi 28 juillet la remise en liberté provisoire de sept collaborateurs du quotidien d’opposition Cumhuriyet, mais a maintenu en détention les principaux journalistes jugés dans le cadre d’un procès emblématique de l’érosion de la liberté de la presse dans le pays.

En tout, 17 journalistes, dirigeants et autres collaborateurs actuels ou passés de Cumhuriyet sont jugés notamment pour avoir, selon l’accusation, aidé diverses « organisations terroristes armées ». Ils risquent jusqu’à quarante-trois ans de prison.

Quatre employés toujours en détention préventive

Onze d’entre eux étaient en détention préventive, la plupart depuis près de neuf mois, et leurs proches et avocats demandaient leur remise en liberté provisoire pour le reste du procès. Le juge a accédé à leur demande pour sept accusés, dont le caricaturiste Musa Kart, mais a décidé de maintenir en détention préventive quatre autres : le chroniqueur francophone Kadri Gürsel, le journaliste d’investigation Ahmet Sik, le rédacteur en chef du quotidien Murat Sabuncu et le patron du journal Akin Atalay.

Le tribunal a en partie suivi l’avis du procureur, qui avait requis la remise en liberté conditionnelle de cinq personnes et le maintien en détention des principales plumes du journal.

« Je ne suis pas en colère contre vous, (…) car je sais que les juges qui ordonnent une remise en liberté sont radiés, a déclaré à la cour l’avocat de la défense Bahri Belen. Ce que je demande aujourd’hui, c’est une décision qui redonne espoir et confiance en la justice. »

Cumhuriyet, journal fondé en 1924 et qui s’est forgé une solide réputation à force de scoops embarrassants pour le pouvoir, dénonce un procès politique visant à abattre l’un des derniers organes de presse indépendants du pays.