Les républicains, minés par leurs dissensions internes, sont encore une fois à la peine pour abroger l’Obamacare, leur cheval de bataille depuis maintenant sept ans : trois de leurs sénateurs ont menacé jeudi 27 juillet de bloquer la machine législative.

Les sénateurs Lindsey Graham, Ron Johnson et John McCain ont fait cette annonce jeudi en expliquant qu’ils attendaient de la Chambre des représentants qu’elle se montre plus ouverte à des négociations avec le Sénat.

Les républicains tiennent pourtant les deux chambres du Congrès, mais avec 52 sièges sur 100 au Sénat, ils ne disposent que d’une très faible marge de manœuvre, qui rend toute défection quasi fatale.

La déclaration des trois sénateurs fragilise encore plus un parti républicain déjà profondément divisé sur la question de la solution à adopter pour remplacer la couverture santé mise en place par le président Barack Obama en 2010.

Contre l’Obamacare version « light »

Jeudi, les trois sénateurs s’opposaient à une option surnommée « l’abrogation a minima », qui devait être discutée puis votée au Sénat jeudi ou vendredi.

Ce projet prévoit de supprimer plusieurs mesures mises en place par l’Obamacare, comme l’obligation faite aux particuliers de souscrire à une assurance santé sous peine d’amende, ou celle faite aux entreprises de proposer une couverture à leurs salariés, mais maintiendrait plusieurs pans de la loi passée par le président démocrate.

Les républicains ne comptaient pas faire de ce projet une loi à part entière, mais entendaient plutôt l’utiliser comme base de négociations dans les allers-retours avec la Chambre des représentants.

Mais certains sénateurs républicains ont pris peur que la chambre basse ne change d’avis et ne vote le projet en l’état, ce qui l’enverrait automatiquement devant le président Trump, qui n’aurait plus qu’à promulguer la loi.

« Je crains, comme d’autres, que la Chambre ne vote ce texte, ce “projet a minima”, et que, étant donné que c’est mieux que rien, cela finisse sur le bureau du président », a déclaré Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud, devant les journalistes.

« Juste parce qu’il faut qu’on produise quelque chose, je ne vais pas voter pour un projet de loi qui résulte d’une mauvaise politique générale et qui a été aussi mal amené », a-t-il ajouté en qualifiant le texte de « désastre ».

Débat entre conservateurs et modérés

Cela fait trois jours que les républicains sont embourbés dans ce débat après avoir volontairement prolongé la session parlementaire pour tenter enfin de trouver un compromis entre l’aile la plus conservatrice du parti et les modérés.

Les premiers entendent se débarrasser purement et simplement de l’Obamacare, alors que les seconds veillent à ne pas laisser leurs électeurs les plus défavorisés totalement démunis.

Le Bureau du budget du Congrès (CBO) a expliqué la semaine dernière qu’une abrogation sèche de l’Obamacare, sans remplacement, augmenterait de 17 millions le nombre de personnes sans assurance santé en 2018.

Dans cette optique, l’« abrogation a minima » semblait en mesure de fédérer l’ensemble des parlementaires conservateurs, qui restaient sur deux échecs consécutifs dans la chambre haute.

Le Sénat avait voté de justesse mardi pour une simple motion de procédure qui autorisait la réouverture des débats, avec pour objectif d’adopter cette semaine un projet de loi abrogeant au moins partiellement Obamacare.

Un tweet pour encourager les républicains

Mais les réjouissances ont été de courte durée, puisque dans la foulée, neuf sénateurs républicains s’étaient déjà joints à l’opposition démocrate pour rejeter un projet d’abrogation et de remplacement complet.

Mercredi, ils étaient sept à rejeter un projet de démantèlement sans remplacement de la loi existante.

Donald Trump est particulièrement sensible à l’issue de ce texte, lui qui n’a cessé de promettre pendant sa campagne qu’il en finirait avec Obamacare à peine arrivé à Washington.

Pour ce faire, il manie tour à tour la carotte ou le bâton pour motiver les parlementaires du Grand Old Party (GOP).

« Allez les sénateurs républicains, vous pouvez y arriver avec le système de santé », avait-il tweeté jeudi matin pour les encourager.