L’ex-premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif et son frère Shahbaz Sharif lors d’une conférence de presse à Lahore en 2008. | KM Chaudary / AP

Le premier ministre pakistanais sortant Nawaz Sharif, destitué vendredi 28 juillet par la Cour suprême de son pays pour des soupçons de corruption, a choisi samedi son frère Shahbaz Sharif pour prendre sa succession politique. En attendant de nouvelles élections, son ex-ministre du pétrole Shahid Khan Abbasi lui succédera comme chef du gouvernement par intérim.

« Je soutiens Shahbaz Sharif après moi mais il va prendre le temps de se présenter aux élections, donc pour le moment je désigne Shahid Khaqan Abbasi » à la tête du gouvernement par intérim, a-t-il annoncé dans un discours à son parti, le PML-N. La nomination de M. Abbasi, 58 ans et fidèle du premier ministre démissionnaire, doit encore faire l’objet d’un vote du Parlement mais celui-ci ne devrait être qu’une formalité, le PML-N y disposant d’une large majorité.

Agé de 58 ans, le premier ministre par intérim Shahid Khaqan Abbasi (ici photographié en 2010) est un fidèle du de Nawaz Sharif. | AAMIR QURESHI / AFP

Elections anticipées

Quant à Shahbaz Sharif, frère cadet de l’ex-chef du gouvernement âgé de 65 ans, il dirige la province du Punjab, la plus peuplée du Pakistan avec plus de la moitié des 190 millions d’habitants du pays. Il devra d’abord être élu au Parlement fédéral pour prétendre diriger le gouvernement.

Les prochaines élections législatives au Pakistan sont prévues en juin 2018 et on ignore pour l’instant si Shahbaz Sharif a l’intention d’attendre cette échéance pour se présenter ou de conquérir dès à présent la circonscription électorale de son frère, laissée vacante par le verdict de la Cour suprême. La Commission électorale du Pakistan a confirmé que de nouvelles élections y seraient organisées prochainement.

Ces nominations font suite à la décision vendredi de la Cour suprême du Pakistan de « disqualifier » Nawaz Sharif et de le destituer de facto au motif que le premier ministre ne s’est pas comporté en « membre honnête du Parlement ». Le scandale qui lui coûte son poste avait éclaté après la publication des « Panama papers » au printemps 2016. Des documents du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca ont montré que ses enfants détenaient des sociétés et des biens immobiliers par l’intermédiaire de holdings offshore.

Vendredi, la Cour a également ordonné la prolongation d’une enquête sur la fortune du chef du gouvernement et de ses enfants. Nawaz Sharif a démenti toute malversation et dénoncé un complot.

L’éviction de Nawaz Sharif, qui dirigeait le gouvernement pour la troisième fois après avoir été poussé à la démission en 1993 et chassé par un coup d’Etat en 1999, pose de nouvelles questions sur la solidité de la démocratie pakistanaise, aucun premier ministre n’ayant réussi à achever son mandat depuis l’indépendance du pays en 1947.