Série sur Netflix à la demande

GYPSY Trailer (2017) Naomi Watts, Netflix New TV Series

Les sessions du mafieux Tony Soprano – dans Les Soprano (1999-2007), créée par David Chase – avec sa praticienne, le docteur Jennifer Melfi, avaient beaucoup fait pour la découverte de la psychanalyse par le grand public – au prix de quelques traits un peu trop grossis, comme il en va souvent quand celle-ci est traitée à l’écran.

Après State of Mind (2007), d’Amy Bloom, qui mettait en scène une praticienne (Lili Taylor), ses patients et ses collègues, la série ­israélienne BeTipul (2005-2008),imaginée par Hagai Levi, Ori Sivan et Nir Bergman, traçait un portrait beaucoup plus subtil du métier en faisant du cabinet d’un psychothérapeute un lieu clos presque permanent.

Naomi Watts et Sophie Cookson dans la série « Gypsy ». | Alison Cohen Rosa/Netflix

Dans In Treatment (En analyse, 2008-2010), le remake nord-américain de BeTipul, créé par Rodrigo Garcia, le docteur Paul Weston (finement joué par Gabriel Byrne) s’échappait parfois de son lieu de travail – notamment pour à son tour consulter une psychothérapeute à propos des problèmes, éthiques et personnels, que lui posait sa pratique du métier. Il était particulièrement dérangé par le violent transfert érotique dont témoignait à son égard une jeune et jolie patiente.

Paul était soucieux de ne pas franchir la « ligne rouge » en intervenant trop dans la vie personnelle de sa patientèle en détresse. Cette lutte avec l’un des plus épineux aspects de la pratique psychothérapeutique – guider le cheminement du patient sans lui prendre la main – faisait le prix de cette merveilleuse série de la chaîne HBO, interrompue, faute de succès, après trois saisons.

Mensonges

Ce dilemme est à nouveau questionné par Gypsy (2017), de Lisa ­Rubin. Jean Holloway (interprétée par Naomi Watts) est une psychothérapeute, installée dans un cabinet new-yorkais, dont la vie professionnelle semble sans histoires. Elle rend compte à ses collègues de la progression de ses sessions, sous la supervision d’un supérieur hiérarchique. Mais elle est amenée à très vite mentir sur la véritable nature des liens entretenus avec certains de ses patients : trop personnellement affectée par leurs récits douloureux, elle franchit la fameuse ligne éthique.

Elle rencontre sous une fausse identité certains de leurs proches et finit même par nouer une relation sexuelle et amoureuse avec l’ex-compagne d’un jeune homme qui la consulte. Tout cela menant naturellement à un embrouillamini dont sa pratique professionnelle et sa vie personnelle ne sortiront pas indemnes.

Sophie Cookson et Naomi Watts dans la série « Gypsy ». | Alison Cohen Rosa/Netflix

La thématique de Gypsy était prometteuse. Mais on déplore que la série s’encombre de facilités déguisées en chicanes dramatiques qui finissent par rendre un peu ridicule et invraisemblable ce qui aurait pu être le subtil portrait d’une dérive névrotique et d’un suicide professionnel.

Et l’on se serait passé de séquences lesbiennes « floutées » à la David Hamilton dont l’érotisme de pacotille semble inspiré du film Cinquante nuances de Grey (2015). Rien d’étonnant à cela : Sam Taylor-Wood, la réalisatrice du nanar lubrique, est aussi productrice exécutive de Gypsy

Un deuxième thème promettait d’être intéressant : les problèmes d’identité de genre de Dolly, 9 ans, la fille de Jean. Il est hélas laissé au second plan et, sans être véritablement traité, il brouille encore plus les pistes de ce thriller psychologique raté.

Gypsy, série créé par Lisa Rubin. Avec Naomi Watts, Billy Crudup, Sophie Cookson, Karl Glusman, Poorna Jagannathan, Brooke Bloom, Lucy Boynton, (EU, 2017, 10 × 50 min).