Le logotype de la Fondation Wikimedia. | Domaine public

Les remous ne semblent pas s’arrêter au sein de l’encyclopédie participative Wikipedia et de la Fondation Wikimedia. Mercredi 25 février, la directrice exécutive de la fondation, Lila Tretikov, a annoncé sa démission, qui prendra effet le 31 mars.

« En me nommant directrice exécutive de la Fondation Wikimedia, le conseil m’avait chargée de mettre en place des changements qui serviront la prochaine génération et assureront notre impact sur l’avenir. Mener ces réformes a été un défi, et j’ai toujours apprécié les échanges ouverts et honnêtes que nous avons eus. »

Lila Tretikov part à un moment où la communauté des contributeurs de Wikipedia et des membres de la fondation s’écharpent autour d’un projet de moteur de recherche, annoncé en janvier, dont certaines modalités ont été précisées dans des documents récemment rendus publics. Un projet évalué à environ 2,5 millions de dollars et qui aura « la réactivité des moteurs de recherche commerciaux et l’éthique de Wikipedia et de la Fondation Wikimedia », peut-on lire dans un des documents.

Pourtant, le cofondateur de Wikipedia Jimmy Wales avait publiquement démenti tout projet de « Google bis », démenti confirmé au Monde le 16 février par la fondation, qui explique avoir uniquement voulu améliorer la recherche interne sur Wikipedia. Certains membres et employés de la fondation ont critiqué le secret entourant selon eux le projet, dans une organisation d’ordinaire transparente.

Deuxième départ en un mois

C’est la deuxième démission en l’espace d’un mois au « board of trustees » de la fondation, l’équivalent d’un conseil d’administration, composé d’une dizaine de personnes qui supervisent l’ensemble des projets de l’organisation. Le 27 janvier, c’est un membre récemment nommé, Arnnon Geshuri, qui avait annoncé son départ face à une levée de boucliers de la communauté en raison de l’implication supposée de M. Geshuri dans un dossier d’entente illicite entre géants de la Silicon Valley, rappelle Ars Technica. A la fin de la première décennie de 2000, plusieurs entreprises du secteur, dont Google et Apple, avaient conclu un accord de recrutement : les entreprises signataires s’engageaient à ne pas tenter de débaucher des employés d’autres sociétés participant à l’accord.

Une pratique que le ministère de la justice états-unien a jugée contraire à la législation antitrust en 2010. Les entreprises concernées ont dû conclure un accord à l’amiable avec les autorités, et payer plusieurs centaines de millions de dollars de dédommagement dans le cadre d’un procès de groupe intenté par des employés. Or, plusieurs documents mis au jour durant ces procédures montrent que M. Geshuri avait joué un rôle clé dans la mise en place de ce système d’accord entre entreprises. Dans un courriel rendu public, M. Geshuri s’engageait notamment à « licencier dans l’heure » un recruteur ayant appelé un salarié d’Apple.