Alain Martineau, dirigeant de l’emboutisseur GMD, est le seul repreneur en lice pour l’équipementier creusois GM&S. | PASCAL LACHENAUD / AFP

Audience de la dernière chance pour les salariés de GM&S Industry, ce fabricant de pièces automobiles de La Souterraine, dans la Creuse. Le tribunal de commerce de Poitiers se prononce lundi 31 juillet sur l’unique offre de reprise de l’équipementier automobile en redressement judiciaire depuis décembre 2016. Une offre faite par le « numéro un » français de l’emboutissage, GMD, qui ne prévoit le maintien que de 120 salariés sur 277.

Après un sursis supplémentaire d’une semaine accordé le 24 juillet, la justice commerciale se penche une nouvelle fois sur le sort du deuxième employeur privé de la Creuse, en liquidation depuis le 30 juin.

Conditions réunies

GMD avait demandé au tribunal un « court délai » pour s’assurer que l’ultime « condition suspensive » à sa reprise serait bien levée, à savoir « l’adhésion des salariés » à son projet. Après une rencontre avec les salariés le 27 juillet sur le site de La Souterraine, le dirigeant de GMD, Alain Martineau, s’était dit prêt « a priori » à lever cette dernière condition.

Les autres exigences du repreneur, après des semaines de négociations périlleuses sous la supervision de Bercy, avaient finalement trouvé réponse : des garanties de commandes de PSA et Renault (les principaux clients de GM&S) à hauteur de 22 millions annuels sur cinq ans, 15 millions d’investissements partagés entre l’Etat et les deux constructeurs automobiles, et, enfin, une solution pour le foncier-immobilier, Alain Martineau proposant de racheter les locaux de l’usine pour un million d’euros.

Dans ce véritable casse-tête social, industriel et territorial du début de mandat du président Emmanuel Macron, qui avait rencontré les salariés de GM&S mi-juillet, pour lequel le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a multiplié les réunions et visites de terrain, les conditions semblent donc désormais réunies pour que le tribunal de commerce valide l’offre de reprise partielle à partir du 1er septembre faite par GMD. Sinon, c’est la liquidation définitive.

« Toujours aussi tendu »

Reste que les syndicats affirment que l’usine ne peut pas tourner avec seulement 120 emplois (en réalité 112 CDI et 8 CDD) comme le propose le repreneur. « Est-ce que M. Martineau est poussé par l’Etat à le faire, parce que l’Etat sait très bien que ce serait le premier gros flop de M. Macron ? Et aujourd’hui si Macron commence son mandat avec 277 salariés au tas, ça risque un peu de faire tache. Je sais pas. En tout cas, c’est toujours aussi tendu », avait réagi le 27 juillet Yann Augras, délégué syndical CGT, à la sortie d’une rencontre avec le repreneur.

« Si les salariés refusent violemment l’offre, évidemment, là, je ne sais pas ce qui peut se passer. S’ils disent au tribunal on n’en veut vraiment pas, il n’y en aura pas », avait mis en garde de son côté Alain Martineau.

Déterminés à maintenir la pression pour garder davantage d’emplois, les salariés ont annoncé qu’ils iraient en nombre à Poitiers lundi. Deux autocars ont été affrétés, bien que le personnel soit en vacances depuis ce week-end, l’usine GM&S étant traditionnellement fermée en août.