Arrivée de certains prévenus dans la prison de Sincan spécialement aménagée pour le procès. | ADEM ALTAN / AFP

Le procès de près de 500 personnes soupçonnées d’avoir participé au coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016 en Turquie s’est ouvert mardi 1er août dans la prison de Sincan, près d’Ankara.

Les 486 suspects sont soupçonnés d’avoir orchestré la tentative de putsch contre le président Recep Tayyip Erdogan depuis la base aérienne d’Akinci, située au nord-ouest d’Ankara et présentée comme le centre de commandement des putschistes. C’est depuis ce centre, affirment les autorités, que les ordres ont été donnés aux pilotes de l’armée de l’air qui ont bombardé le parlement et le palais présidentiel dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016.

Quelque 250 personnes avaient été tuées lors de la tentative de coup d’Etat, ainsi que 24 putschistes présumés. La répression a été terrible : 100 000 fonctionnaires ont été limogés car soupçonnés d’avoir soutenu des mouvements « terroristes ». Cinquante mille personnes ont été incarcérées, 150 médias ont été fermés ainsi qu’une quinzaine d’universités et des centaines d’associations.

Le principal accusé, Fethullah Gülen, absent

Parmi les suspects, 461 sont en détention, sept autres sont en fuite alors que les autres comparaissent libres. Plusieurs chefs d’accusation ont été retenus contre eux, allant de tentative d’assassinat de M. Erdogan à violation de la Constitution.

Le principal suspect jugé par contumace est le prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du régime qui s’est exilé depuis des années aux Etats-Unis. Il nie toute participation aux événements.

Adil Oksuz, considéré comme le chef opérationnel des putschistes, est, quant à lui, en fuite. Il avait pourtant été arrêté après le coup avant d’être libéré dans des conditions troubles sur ordre d’un juge. Son second, l’homme d’affaires Kemal Batmaz, détenu dans une prison près d’Ankara, est en revanche attendu au tribunal.

L’ancien chef de l’armée de l’air Akin Ozturk figure lui aussi parmi les suspects déjà en détention. Avec d’autres accusés, il est jugé dans plusieurs procès en lien avec le putsch manqué.

Haute sécurité

Un imposant dispositif de sécurité a été déployé pour l’audience, mobilisant 1 130 agents de sécurité à l’intérieur et aux abords de la salle, selon l’agence progouvernementale Anadolu. Des véhicules blindés, des snipers et un drone de surveillance ont également été déployés.

Quelques dizaines de manifestants, encadrés par un important dispositif de sécurité, se sont rassemblés aux abords du tribunal, certains scandant des slogans appelant à la peine de mort pour les accusés.

Plusieurs procès de « putschistes » se sont ouverts ces derniers mois en Turquie et pas un jour ne se passe sans l’annonce d’une nouvelle opération contre de présumés adeptes du prédicateur Gülen.