Un migrant sur une route, à Calais, dans le Nord de la France, le 12 octobre 2016. | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Après neuf mois d’immobilisme politique sur la question des migrants, l’urgence semble désormais de rigueur. Des douches et des sanitaires seront installés « avant la fin de la semaine prochaine », a annoncé mercredi 2 août le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry.

« Je rencontrerai les associations et je serai en relation avec la municipalité pour arrêter un dispositif le plus adapté possible », a fait savoir M. Sudry lors d’une conférence de presse à Calais. Selon lui, le nombre de migrants dans le Calaisis s’élève à 450, « une tendance à l’augmentation depuis quelques semaines ».

Cette décision répond à la double injonction du président de la République et du Conseil d’Etat. Emmanuel Macron avait exprimé jeudi le souhait d’en finir « d’ici la fin de l’année » avec les « personnes » dormant « dans les rues, dans les bois ». Lundi, le Conseil d’Etat a rendu un arrêté ordonnant à l’Etat et à la ville de Calais de revoir leur gestion des quelque 600 migrants qui errent aux abords du tunnel et des ferrys pour la Grande-Bretagne.

Outre l’ouverture de deux lieux de répit, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, va devoir faire en sorte, par le biais des services de son préfet, que les exilés aient un accès à l’eau, à des sanitaires, puissent se nourrir et faire enregistrer leur demande d’asile.

Lors d’une conférence de presse, le ministre a annoncé que des blocs sanitaires mobiles seraient mis en place dans la commune de Calais, pour les quelque 600 migrants présents. Une décision qui a irrité la maire, Natacha Bouchart (Les Républicains). Cette dernière a déclaré qu’elle n’installerait « ni douche ni toilettes », de peur que « se recréent autour des squats ou des bidonvilles ». Elle a ajouté que « si le gouvernement veut le faire, il devra réquisitionner un terrain ».

Répartition selon le statut

Pour éviter la reconstitution de campements sauvages, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) va tenter lors de maraudes de convaincre directement les migrants de monter dans des bus pour être conduits vers les centres d’accueil et d’examen des situations (CAES), où des agents des préfectures feront le point sur leur statut. L’OFII y sera lui aussi présent ; ce qui rendra possible l’enregistrement direct des demandes d’asile depuis ces nouveaux centres.

Ce nouveau dispositif, qui gomme la case préaccueil en vigueur partout en France et évite le passage en préfecture, permettra de commencer à réduire la durée nécessaire pour obtenir l’asile, comme le promet le plan gouvernemental annoncé le 12 juillet. Il pourrait d’ailleurs servir de modèle pour faire évoluer le dispositif parisien, que M. Collomb sait être son prochain sujet à traiter.