Nicole Bricq, en 2013. | JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Nicole Bricq, morte dimanche 6 août des suites d’une chute accidentelle dans un escalier, était une femme aux convictions bien trempées, connue pour être une travailleuse acharnée. Une franchise qui lui a coûté cher. A peine nommée au ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie à la suite de l’élection de François Hollande en 2012, Nicole Bricq avait été démise de ses fonctions un mois plus tard.

La raison : elle avait voulu geler les permis de forage pétroliers en Guyane et réformer le code minier, alors que Shell prospectait au large du département français d’outre-mer. La ministre espérait obtenir davantage de garanties environnementales et mettre en concurrence les compagnies pétrolières pour l’exploitation des gisements découverts.

La décision de Nicole Bricq en avait surpris plus d’un alors que la major anglo-néerlandaise avait déjà engagé quelque 250 millions de dollars dans les opérations de prospection. Le bateau de forage venait même d’arriver sur zone, et devait se mettre à l’œuvre la semaine suivante.

Le Medef, allié de Shell

Soutenue par Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, Nicole Bricq avait fait part de ses intentions au premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Shell s’était alors employé à faire échouer les plans de la ministre, activant ses réseaux et trouvant dans le Medef un allié de poids pour relayer ses revendications auprès de Matignon. De leur côté, les élus guyanais avaient mis en avant les retombées économiques – notamment en termes d’emploi – des opérations de forage menées par Shell et faisaient valoir que « les arrêtés préfectoraux [avaient] été signés ». Victorin Lurel, ministre des outre-mer, s’était fait leur porte-voix.

La position de Nicole Bricq, de plus en plus isolée, devenait intenable. A la faveur du premier remaniement du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, jeudi 21 juin, la ministre de l’écologie était mutée au ministère du commerce extérieur. Delphine Batho lui succédait. La réforme du code minier, elle, a refait surface en janvier 2017 à l’Assemblée nationale.