Des tirs ont résonné lundi 7 août près de la prison de Makala, ainsi que dans les communes de Matete et Ndjili vers l’aéroport de la mégapole de dix millions d’habitants, selon plusieurs témoignages d’habitants. Douze personnes ont été tuées lundi par des « balles perdues » dans une vague de violences à Kinshasa, selon les explications d’un porte-parole de la police nationale. « Au titre de bilan provisoire, il a malheureusement été déploré à ce stade quelques pertes en vies humaines, douze personnes fauchées par balles perdues », a déclaré Pierrot Rombaut Mwanamputu dans un flash interrompant les émissions de la télévision publique.

Impasse politique

Personne n’a revendiqué les attaques perpétrées à la veille de deux journées « ville morte » à l’appel de l’opposition. Elles ont lieu au moment où la RDC se trouve dans une impasse politique liée au maintien au pouvoir du président, Joseph Kabila, dont le mandat est arrivé à terme en décembre 2016. L’opposition demande son départ et des élections.

« Depuis environ une heure, ça tire autour de la prison de Makala, il n’y a plus de circulation, les avenues sont vides ici à Selembao », le quartier de la prison, déclarait en début de matinée Emmanuel Cole, un militant pour les droits des prisonniers. Des coups de feu ont également été entendus dans les quartiers populaires de Matete (centre est) et de Ndjili vers l’aéroport, selon des témoignages qui évoquent au moins cinq morts dans cette dernière commune. Des violences auraient aussi éclaté du côté de l’Université pédagogique nationale (UPN), dans la commune de Ngaliema.

« Ça tire à l’arme légère »

Une source de la société civile faisait alors état d’« au moins sept policiers » tués et de « deux assaillants tués à bout portant par les PM [policiers militaires]. Leurs corps ont été emportés ». « J’ai vu un autre corps », sur une autre avenue du quartier de Selembao, a rapporté cette source. « Ça tire à l’arme légère (…), le marché est fermé », a témoigné un habitant de Selembao, Philémon Mboko.

Outre la prison de Makala, cible d’une attaque qui avait conduit à l’évasion de plus de 4 000 détenus en mai, les commissariats de police de Limete, Matete et Kalamu ainsi que le marché central de Kinshasa, ont été aussi attaqués ces dernières semaines.