Les ministres proposés par le président Hassan Rohani devront être approuvés par le Parlement iranien. / TIMA AGENCY / REUTERS

Pas de parité à l’ordre du jour. Le président iranien réélu, Hassan Rohani, a présenté mardi 8 août dix-sept des dix-huit membres de son prochain gouvernement, qui présente la particularité de ne compter aucune femme. Une absence qui a provoqué les critiques des réformateurs, qui avaient pourtant soutenu le président sortant durant sa campagne.

« L’absence de femmes à des postes ministériels est une manière de faire du surplace », a déploré au quotidien Etemad la vice-présidente sortante, Shahindokht Mollaverdi. Il y a encore quelques semaines, elle avait affirmé espérer « deux ou trois ministres femmes ».

« Parler égalité et ignorer les femmes »

Sur les réseaux sociaux, les critiques se sont multipliées contre M. Rohani, un religieux modéré, accusé de ne pas avoir tenu ses promesses électorales d’accorder plus de place aux femmes, aux jeunes et aux minorités.

« Félicitations pour la nomination massive de sunnites [qui forment moins de 10 % de la population], de femmes et de jeunes dans le gouvernement », a ironisé dans un tweet Hossein Dehbashi, actif dans la campagne de M. Rohani en 2013 mais qui a multiplié les critiques ces dernières années contre lui.

De son côté, Mohammad Karoubi, fils de Mehdi Karoubi, l’un des leaders de l’opposition en résidence surveillée depuis six ans, a affirmé sur Twitter : « Le message de la population lors des deux dernières élections ne se reflète que très peu dans le gouvernement proposé. » « A quoi rime de parler d’égalité et d’ignorer les femmes et les minorités religieuses ? », a-t-il ajouté.

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« Nous nous attendions à la nomination d’une femme au moins », a déclaré de son côté Mohammad Reza Aref, chef de file des députés réformateurs au Parlement. Il a souligné, selon les médias iraniens, que la délégation de la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, venue à Téhéran samedi pour assister à la cérémonie d’investiture du président Rohani, ne comprenait pratiquement que « des femmes, ce qui était lourd de signification ».

Même le premier vice-président, Eshagh Jahanguiri, qui a été reconduit mardi dans son poste, a affirmé dans un tweet qu’il « faut augmenter la part des femmes, des minorités et des jeunes dans les postes de responsabilité ».

Moyenne d’âge de 58 ans

Le nouveau gouvernement compte peu de changements. Certes, le nouveau ministre des télécommunications et de la technologie, Mohammad Javad Azari Jahromi, est âgé de seulement 36 ans, ce qui fait de lui le plus jeune ministre du gouvernement. Mais la moyenne d’âge de la nouvelle équipe ministérielle est toutefois de 58 ans, contre 57 pour le gouvernement sortant, selon l’agence Fars.

Réélu en mai, le président envisage, selon ses proches, de nommer plusieurs vice-présidentes, postes qui ne requièrent pas un vote de confiance du Parlement. Le gouvernement sortant comprenait déjà trois vice-présidentes, mais aucune ministre femme.

L’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) avait été le seul président depuis la révolution islamique de 1979 à nommer une femme dans le gouvernement lors de son second mandat. Marzieh Dastjerdi fut ministre de la santé entre 2009 et 2013.