Moins de 100 000 euros. Le montant de l’impôt payé par la plateforme de locations saisonnières Airbnb au fisc français en 2016, 92 944 € précisément, ne serait guère plus élevé que celui d’une PME, selon une information du Parisien publiée lundi 7 août.

Si Airbnb n’a jamais dévoilé le montant de son chiffre d’affaires dans l’Hexagone, ses impôts semblent peu élevés quand on sait que la France représente le deuxième marché de l’entreprise, derrière les Etats-Unis. Le directeur général d’Airbnb France s’est d’ailleurs targué d’une activité en croissance rapide : plus 50 % au premier trimestre 2017, après une augmentation de 60 % en 2016. Plus de 10 millions de Français ont utilisé la plateforme de location l’an dernier.

Pourtant, selon le Parisien, la start-up ne déclare qu’un peu plus de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Ce n’est pas normal, c’est choquant », a jugé mardi le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, interrogé par RTL sur cette question. M. Moscovici a rappelé son souhait de faire en sorte « que quand vous travaillez en France – c’est le cas d’Airbnb – vous payez vos impôts en France avec le taux français ».

Optimisation fiscale

Mais Airbnb n’a jamais caché sa méthode. Lorsqu’un particulier veut louer en France un appartement, l’information arrive au loueur par l’intermédiaire du site Airbnb. Mais la transaction est gérée par des filiales de l’entreprise en Irlande (où se trouve son siège social) et en Angleterre. Airbnb prend une commission de 12 % sur chaque location, puis verse le loyer au loueur ; si bien que les revenus ne passent jamais par la filiale française.

Or, le taux d’imposition sur les sociétés en Irlande est de 12,5 %, quand il est supérieur à 33 % en France. Pour mettre fin à ces pratiques d’optimisation fiscale, Pierre Moscovici a appelé mardi les gouvernements européens à mettre en place une « assiette commune ». Il a cependant rejeté l’idée d’harmoniser le taux de l’impôt sur les sociétés entre les pays de l’Union européenne (UE).

Il s’oppose sur ce point à Clémentine Autain, députée de La France insoumise, qui a réagi mardi aux révélations sur Airbnb en qualifiant de « pur scandale » l’optimisation fiscale pratiquée par certains grands groupes. « Il faut modifier la loi pour que ce type d’arrangement avec le système fiscal international ne puisse pas avoir lieu », a-t-elle ajouté. « A l’échelle européenne, évidemment qu’il faut une harmonisation fiscale (…), c’est un sujet français et international de souveraineté, de justice fiscale et sociale ».

Au-delà d’Airbnb, la plupart des grands groupes numériques, dits les GAFA (Amazon, Apple, Facebook, Google...) se voient souvent reprocher d’utiliser leur activité dématérialisée pour payer peu d’impôts là où la fiscalité est plus lourde. Le manque à gagner pour l’Etat pourrait atteindre 60 à 80 milliards d’euros selon Bercy. A titre de comparaison, le déficit public (Etat, collectivités territoriales et Sécurité sociale), s’élève à 62,3 milliards d’euros.

Emmanuel Macron avait promis, durant sa campagne, d’engager une action européenne pour empêcher les pratiques d’optimisation fiscale des grandes entreprises.