L’accident causé par la collision entre un car et un camion avait causé la mort de 43 personnes, notamment en raison d’un incendie particulièrement rapide et violent. / BENOIT TESSIER / REUTERS

L’accident de car le plus meurtrier en France depuis 1982 doit, en large partie, son funeste bilan à un réservoir « non homologué ». C’est ce qu’a fait savoir mardi 8 août l’avocate des familles touchées par l’accident de car à Puisseguin le 23 octobre 2015, qui avait fait 43 morts.

« S’il n’y a pas de réservoir additionnel, il n’y a pas de feu », a résumé Me Marie Mescam, interrogée sur un rapport du Bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT).

Collision mortelle en Gironde : le déroulement des faits
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Selon Le Parisien, qui cite le rapport dans son édition de mardi, le document de « 120 pages très détaillé » conclut que « ni le réservoir, ni a fortiori son installation au dos de la cabine du tracteur routier n’étaient homologués au moment de l’accident ».

Le BEA-TT avait réuni les familles des victimes à Petit-Palais-et-Cornemps, en Gironde, le 26 juillet pour leur expliquer les circonstances de l’accident. Il a ensuite finalisé son rapport, a expliqué l’avocate.

Des réponses aux « véritables questions »

« On n’avait jamais eu d’information sur la façon dont cela avait pu se passer : pourquoi ce feu si rapidement, pourquoi ces fumées si importantes et si toxiques. C’était les véritables questions », a estimé Me Mescam, rappelant qu’il n’y avait eu aucune victime due au seul choc entre l’autocar et le camion.

Les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Bordeaux avaient déjà conclu en juillet 2016 qu’après le choc, c’était bien le déchirement d’« un réservoir auxiliaire situé à l’arrière de la cabine du camion, qui a[vait] provoqué l’incendie à l’origine du drame ».

« Pour le BEA-TT, même si l’ajout de ce réservoir 375 litres ne constitue pas une transformation notable du véhicule, l’installateur du réservoir aurait dû s’assurer auprès du constructeur du camion ou auprès d’un laboratoire reconnu que le véhicule modifié restait conforme à la réglementation », écrit le quotidien régional.

« Compte tenu du pouvoir calorifique de ce carburant et de la quantité mise en jeu, l’incendie s’est propagé très vite à l’autocar, faisant fondre et enflammant son habillage intérieur. L’incendie est très rapidement devenu incontrôlable », écrivent les enquêteurs.

Des avancées réclamées sur la sécurité

Selon Le Parisien, le BEA-TT formule cinq recommandations pour éviter de nouveaux de drames. « La principale concerne la résistance au feu des matériaux utilisés dans la construction des autocars », en réclamant de « nouvelles exigences en matière de toxicité des gaz dégagés par la combustion de ces matériaux ».

Selon Me Mescam, qui représente plus de 300 des quelque 350 victimes directes ou indirectes de l’accident, « la plus grosse découverte pour les victimes, c’est les normes antifeu dans le bus » qui sont « extrêmement basses » et ont peu évolué.

L’avocate a appelé à la mobilisation des autorités et de l’opinion publique pour « changer les choses ». « Il y a à peu près un bus par mois qui s’embrase en France », a-t-elle souligné.

« Au moins, que cette catastrophe nous fasse avancer, que la sécurité à laquelle on est en droit de s’attendre dans les bus soit la même que dans les avions, les trains, les bateaux », espère l’avocate des victimes.