Le logo de Japan Tobacco (JT), à Tokyo, le 15 mars 2015. / YOSHIKAZU TSUNO / AFP

Poursuivant son développement sur les marchés émergents pour compenser ses difficultés au Japon, Japan Tobacco (JT) a annoncé le 4 août l’acquisition du groupe indonésien Karyadibya Mahardhika, qui produit des cigarettes « kretek », un mélange de tabac et de clous de girofle, et de son distributeur Surya Mustika Nusantara.

Pour 1 milliard de dollars (847 millions d’euros), le numéro trois mondial du tabac derrière Philip Morris et British American Tobacco, compte se renforcer sur le deuxième marché de cigarettes de la planète, avec 285 milliards de cigarettes vendues chaque année, derrière la Chine.

Propriétaire des marques Winston, Camel et Mevius, le groupe nippon est présent dans 120 pays. Le tabac représente 87,9 % de ses ventes qui s’élèvent au total à 586,8 milliards de yens (4,5 milliards d’euros), JT ayant également des activités dans la pharmacie et l’alimentaire.

La baisse de consommation dans les pays développés l’incite à multiplier les acquisitions dans les économies émergentes, les dernières ayant été effectuées au Brésil, en République dominicaine et en Ethiopie. L’opération indonésienne est, d’après son vice-président Mutsuo Iwai, « la première d’importance en Asie du Sud-Est » et représente « une opportunité de renforcer les activités dans une région en pleine expansion ».

Difficultés sur le marché national

Ces développements coïncident avec des difficultés sur son marché national. Outre un retard dans la cigarette électronique, JT redoute les projets gouvernementaux antitabac à l’approche des Jeux olympiques de Tokyo en 2020. En 2016, le ministère de la santé a proposé une interdiction de fumer dans les restaurants et évoqué le doublement du prix du paquet pour le porter à 1 000 yens (7,70 euros).

Outre un rattrapage des autres nations développées, le ministère veut combattre le tabagisme passif, qui serait responsable de 15 000 morts par an dans l’Archipel et coûterait chaque année 300 milliards de yens (2,3 milliards d’euros) à la Sécurité sociale.

Face à cela, JT s’appuie sur de puissantes actions de lobbying, jusqu’au cœur du Parti libéral démocrate, le PLD au pouvoir dont 280 parlementaires militent contre toute tentative de réduire les droits des fumeurs. Ces élus rappellent que le secteur du tabac rapporte plus de 2 000 milliards de yens (15,3 milliards d’euros) d’impôts et affirment, malgré des études prouvant le contraire, qu’une interdiction de fumer imposée aux restaurants nuirait à leurs activités.

La firme nippone les soutient et s’appuie sur une presse évoquant peu les problèmes liés au tabac. De fait, JT, dont un tiers du capital appartient à l’Etat, fait partie des principaux annonceurs des médias. Le groupe promeut notamment « l’étiquette du fumeur » pour un « meilleur respect entre fumeurs et non-fumeurs ».