Allyson Felix (à droite), lundi 7 août, au Stade olympique de Londres. / KAI PFAFFENBACH / REUTERS

Pas de folie française à prévoir ce soir, au Stade olympique de Londres. Mais la finale du 400 m féminin (22 h 50, heure française) promet, avec la revanche de l’épatant duel de Rio entre Shaunae Miller et Allyson Felix. A moins qu’une Bahreïnie de 19 ans ne vienne troubler les pronostics.

  • La story

Au 400 m féminin, les concurrentes n’ont pas l’habitude de titiller le record du monde. Tant mieux d’ailleurs. Car on n’ose pas imaginer la pharmacopée nécessaire pour aller souffler la marque établie par Marita Koch le 6 octobre 1985 à Canberra.

Ce jour-là, l’Allemande de l’Est boucla le tour de piste en 47 s 60. Depuis, les chercheurs Brigitte Berendonk et Werner Franke ont dévoilé les secrets des succès de l’époque. Leur travail a permis de montrer que les athlètes de la République démocratique d’Allemagne, en dehors des entraînements, carburaient plus au Turinabol oral, un stéroïde anabolisant, qu’au sirop de fraise.

Mais cette absence de course effrénée au chrono ne nuit en rien au spectacle. Le tour de piste, chez les femmes, offre des noms évocateurs qui promettent une belle bataille. D’abord, bien sûr, Allyson Felix. L’Américaine était déjà de l’aventure des Mondiaux de 2003, et en la voyant s’activer à Lausanne mi-juillet, lors de la session extraordinaire du Comité international olympique, pour soutenir la candidature de Los Angeles, on pouvait croire qu’elle avait pris sa retraite. Que nenni.

Plongeon et hijab

A 31 ans, la sextuple championne olympique et nonuple championne du monde – on vous épargne le décompte des médailles d’argent et de bronze – est la grande favorite pour se succéder à elle-même, puisqu’elle avait emporté l’épreuve à Pékin, en 2015.

Mais Chicken Legs – son surnom, référence à un physique pas bien épais – devra se méfier de Shaunae Miller et de ses drôles de façons de conclure certains tours de piste. Elle est déjà avertie. Un magnifique plongeon avait permis à la Bahaméenne de subtiliser l’or à… Felix. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, voici une vidéo de la folle arrivée du 400 m de Rio.

Miller dives over the finish line for 400m gold

Cette année, Shaunae Miller (49 s 77) et Allyson Felix (49 s 65) possèdent les meilleurs chronos et une marge sur la concurrence. Mais ni l’une ni l’autre n’a réalisé le meilleur temps des demi-finales. La performance revient à une athlète bien moins connue, la Bahreïnie Salwa Eid Naser, qui a remporté sa demi-finale en établissant un nouveau record personnel et national, devant Allyson Felix (50 s 08), excusez du peu.

Ces dernières années, le Bahreïn nous a plutôt habitués à présenter des Kényanes naturalisées aux épreuves de fond. A Londres, Rose Chelimo a d’ailleurs apporté une médaille d’or en marathon. Officiellement, Salwa Eid Naser, elle, est de mère nigériane et de père bahreïni, même si les informations la concernant sont extrêmement réduites.

Sawla Eid Naser, le 7 août à Londres. / PHIL NOBLE / REUTERS

Il y a quelque temps encore, la jeune femme courait avec un hijab. Elle l’a désormais enlevé, et laisse voir ses cheveux décolorés.

  • Hors piste

L’objet n’est pas vraiment de toute beauté. A première vue, le petit porte-clefs ressemble à un steak haché ou à un étron. Mais au-delà de considérations esthétiques, il faut plutôt y voir un exemple du génie marketing des Britanniques. Sur la route du London Stadium, les spectateurs peuvent acheter un minuscule bout de la piste des Jeux de 2012.

Yann Bouchez / « Le Monde »

« Own the track » (« emparez-vous de la piste ») : le slogan est plutôt bien trouvé. Et à 10 livres le porte-clefs, le business marche bien. « Chaque porte-clefs est vendu avec un certificat d’authenticité », explique Maxine, une blonde d’une quarantaine d’années, chargée d’écouler le stock. « Une partie » de l’argent ira à la piste d’athlétisme qui jouxte le grand stade et servira à financer un club d’athlétisme local, assure Kevin, un autre vendeur. Elle devrait aussi permettre d’entretenir le stade olympique.

Yann Bouchez / « Le Monde »

Pour ceux qui voudraient un plus gros bout de la « piste aux 38 records du monde », il faudra sortir les billets : 99 livres (110 euros) pour un ovale encadré, et 399 livres (440 euros) tout de même pour les plus grands formats, limités à 500 exemplaires. Les sacro-saintes « valeurs de l’olympisme » ont tout de même un prix. Au fait, les Grecs ont-ils eu vent de cette idée de recyclage ?

Hier soir, il n’y en avait que pour Pierre-Ambroise Bosse, ou presque. Le tout frais champion du monde du 800 m, qui adore répondre aux journalistes, s’est fait un gros plaisir devant les micros. Il a imité Nelson Monfort, a parlé de son chat, d’une bouteille d’eau renversée sur son lit, de tout et de rien, et de bien d’autres choses encore. Avec, en fin de soirée, une jolie confession : « Je m’entends parler, c’est bien comme sensation. »

Allez, un dernier tweet pour vous montrer que le bonhomme savait sûrement déjà le coup génialement fou qu’il préparait avant le départ de la finale.

  • En piste

21 h 25 : finale du lancer de poids féminin

22 h 30 : finale du 400 m haies masculin

22 h 50 : finale du 400 m féminin