Documentaire sur Public Sénat à 22 heures

Bande-annonce - Mélenchon, la campagne d'un insoumis - Documentaire

Il y a la scène, qu’il s’agisse d’une salle de spectacle turbulente ou d’une estrade plantée sur le Vieux-Port de Marseille. Mais ce sont les coulisses qui en disent le plus long. Il y a la foule, mais aussi la solitude. Dans un wagon de TGV entre deux déplacements. Dans un quartier général parisien austère. Dans un coin de restaurant où se prépare, à défaut d’un avenir radieux, une stratégie de campagne électorale. Il y a aussi des regards et, moments aussi précieux que rares à la télévision, des silences explicites.

Choix technique assumé : l’absence de commentaires en voix off et d’habillage musical donne une dimension intéressante à ce documentaire de Gilles Perret, auteur talentueux à qui l’on doit Les Jours heureux (2013), consacré au projet social du Conseil national de la Résistance en 1944, et La Sociale, film retraçant l’histoire de la Sécurité sociale (2016).

Cette fois, c’est Jean-Luc Mélenchon qui intéresse Perret. Homme politique complexe et cultivé, le leader de La France insoumise a déjà eu droit à un documentaire diffusé sur France 3 en janvier. Mais le film de Gérard Miller et Anaïs Feuillette, Jean-Luc Mélenchon, l’homme qui avançait à ­contre-courant, en restait au stade du portrait empathique. Cette fois, la démarche est différente.

Filmé au plus près

Accepté par Jean-Luc Mélenchon, le projet du réalisateur a le mérite de la clarté : suivre au plus près le candidat à la présidentielle de février à avril 2017, seul avec sa caméra. Ce qui favorise, de fait, la proximité avec le personnage public et son entourage proche.

Lorsque débute cette aventure filmée, les sondages créditent M. Mélenchon d’environ 10 % d’intentions de vote, alors que le candidat socialiste Benoît Hamon est annoncé aux alentours de 18 %.

Suivant un classique déroulé chronologique, du Havre à Marseille en passant par Lille ou Dijon, sans oublier les studios médias audiovisuels basés à Paris ou en proche banlieue, Gilles Perret tente de capter les doutes, les joies, les inquiétudes d’un Mélenchon qui, loin du bruit et de la fureur, laisse apparaître quelques failles, tout en ayant confiance dans la victoire finale.

Jean-Luc Mélenchon, en meeting à Strasbourg (Bas-Rhin), le 15 février. / ELYXANDRO CEGERRA/ANADOLU AGENCY

Déception et incompréhension

On savait que l’homme déteste la défaite. On ne se doutait pas que les sondages qui rythment cette folle campagne présidentielle le passionnaient autant. Moins surprenant pour celui qui connaît le succès avec sa chaîne YouTube : son intérêt et sa vigilance quotidienne concernant les réactions publiées sur les réseaux sociaux.

De la minute de silence imposée à la foule à Marseille en hommage aux migrants ayant trouvé la mort en Méditerranée à une prise de bec avec le candidat Macron sur les travailleurs détachés, quelques moments forts de la campagne sont mis en avant.

Mais c’est lors d’une réunion de travail ou avant un meeting, entouré par des figures de La France insoumise que ce documentaire a le mérite de ne pas laisser dans l’ombre (Charlotte Girard, Sophia Chikirou, Alexis Corbière, Manuel Bompard), que l’on en apprend un peu plus sur M. Mélenchon.

Le documentaire se termine le soir du 23 avril. Les visages de la candidate du Front national Marine Le Pen et du prétendant d’En marche ! Emmanuel Macron apparaissent à l’écran, la défaite est consommée. Persuadé d’être au second tour, ­M. Mélenchon ne cache pas sa déception. Plus que cela même : son incompréhension.

Mélenchon, la campagne d’un insoumis, de Gilles Perret (France, 2017, 52 minutes).