Les lycéens boursiers de la Seine-Saint-Denis devront-ils payer 33 euros de plus par an leur carte de transport à la rentrée ? Cette forte hausse est une conséquence de la baisse des subventions de la région, gérée par des élus Républicains, qui renvoie la balle au département, qui est lui à majorité socialiste. Le bras de fer s’est engagé entre les deux institutions.

En octobre, la région a décidé de baisser sa subvention en faveur des collégiens et lycéens boursiers de la Seine-Saint-Denis de 66 à 50 %, l’alignant ainsi sur les autres départements alentours — qui affichent toutefois un niveau de vie plus élevé. Le passe annuel étant à 342 euros, la baisse est importante pour les allocataires.

Région « profondément inégalitaire »

Le président du conseil départemental, le socialiste Stéphane Troussel, a dit jeudi 10 août avoir interpellé la région sur la situation :

« Nous sommes dans une région très riche mais profondément inégalitaire : on ne peut pas traiter de la même manière les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus populaire d’Ile-de-France. »

M. Troussel a décidé de compenser la baisse pour les quelque deux mille collégiens boursiers, « qui sont de sa compétence », en augmentant la subvention départementale de 34 à 50 %. « Mais il ne nous est pas possible de compenser aussi le retrait de la région » pour les trois mille cinq cents lycéens boursiers, déplore-t-il.

Le 7 août, la présidente de la région, Valérie Pécresse (Les Républicains), lui renvoie la balle dans un courrier.

« Il paraît injuste de traiter différemment les lycéens boursiers et les collégiens boursiers quand bien même cela aurait pour effet de faire économiser 300 000 euros au budget du département. Je vous demande donc de revenir au plus vite sur cette décision. »

Un appel soutenu par Othman Nasrou, président du groupe Les Républicains et Indépendants, qui « dénonce le désengagement soudain de Stéphane Troussel ».

Possibles « mouvements de jeunesse »

Pour Stéphane Troussel, la présidente de la région procède ainsi à « un chantage qui consiste à reporter ce mauvais coup sur le département, dont chacun connaît pourtant les difficultés financières », « après avoir augmenté par deux fois en moins de deux ans le passe Navigo, contrairement à ses engagements de campagne ». Le passe Navigo, titre d’abonnement à tarif unique pour les transports des Franciliens, a en effet augmenté de 2,20 euros le 1er août, passant à 75,20 euros mensuels.

La Fédération des conseils de parents d’élèves 93 (FCPE) a lancé une pétition, et la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) a dénoncé dans un communiqué « la réduction drastique des aides de la région Ile-de-France pour les élèves boursiers de Seine-Saint-Denis » et « met en garde » contre de possibles « mouvements de jeunesse légitimes qu’elle pourrait impulser dès la rentrée ».

« Au même titre que la réduction des aides personnalisées au logement, cette suppression des aides pour les élèves boursiers renforcera la précarité », écrit la FIDL, qui réclame « une réaction ferme du gouvernement par la voix du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer ».