Après la publication de ma dernière chronique relative à la croissance en Afrique, j’ai reçu sur ma page Facebook le commentaire suivant : « Pourquoi avoir choisi une image de pauvreté pour illustrer la croissance en Afrique ? Souhaitez-vous voir éclore des révolutions populaires ? […] Pourtant les progrès existent et sont nombreux. » Oui, les progrès sont nombreux, et heureusement !

Pour faire progresser une situation, il faut mettre en valeur ce qui marche et aussi identifier ce qui ne va pas pour l’améliorer. Dans mes chroniques, je pointe ce qui me paraît être des injustices, des incohérences ou, pis, des inepties. J’ai la chance et l’immense luxe de pouvoir écrire librement. Je sais que mes chroniques ne plaisent pas à tout le monde et ce n’est pas l’objectif.

Mon objectif est de susciter le débat, car c’est de la confrontation d’idées que naît la lumière. Chacun d’entre nous a un point de vue, personne n’a raison, personne n’a tort. C’est en substance ce que j’ai répondu sur ma page Facebook et j’ai conseillé à l’auteur du commentaire un site : Happyinafrica.com.

Bouillonnement d’idées et d’ambitions

Happy in Africa ! a été lancé il y a trois mois depuis Dakar. Ce site francophone (la version anglaise sera en ligne début 2018) recense des informations positives et inspirantes sur l’Afrique. C’est un pari audacieux, car les médias spécialisés sur l’Afrique (qu’ils soient en version audio, télévisuelle, papier ou électronique) ont plutôt une ligne éditoriale fondée sur l’actualité, donc sur les crises.

Happy in Africa ! est né du constat que l’Afrique est bien trop souvent présentée à travers les crises et catastrophes en tout genre. Mélanie Daigle, sa fondatrice, est canadienne. Elle a vécu plusieurs années au Burkina Faso avant de venir s’établir à Dakar pour lancer son projet, qu’elle mûrissait depuis plusieurs années déjà. Son ambition est simple : « Je suis fatiguée d’expliquer pourquoi j’aime vivre en Afrique. Je veux contrer l’image négative de l’Afrique, il y a une autre Afrique, c’est celle-là que nous mettons en avant. »

Son rêve ? Que Happy in Africa ! devienne une source d’inspiration pour tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique, qu’ils soient africains ou pas, du simple citoyen au décideur. Les premiers résultats sont là et ils sont impressionnants : ce sont près de 2,5 millions de visiteurs uniques par mois sur le site web et les médias sociaux associés, et plus de 410 000 fans sur la page Facebook de Happy in Africa !. Quant à la newsletter, elle a déjà été souscrite par plus de 35 000 personnes.

« La jeunesse africaine bouillonne d’idées et d’ambitions, je le vis tous les jours, c’est de cette réalité que je veux parler », ajoute, enthousiaste, Mélanie Daigle. Rodrigue Sekoné, collaborateur burkinabé de la première heure, le confirme : « Parler positivement de l’Afrique a un impact fort chez les jeunes Africains, qui réagissent beaucoup, notamment sur la page Facebook. »

Les internautes peuvent signaler sur le site une réussite ou une innovation dont ils ont eu connaissance, voire devenir des ambassadeurs – ils sont aujourd’hui 60 répartis dans 18 pays. Ceux-ci sont invités à soumettre des contributions personnelles et verront prochainement la meilleure d’entre elles récompensée. La rédaction de Happy in Africa ! lancera en effet dans les prochaines semaines le concours de la meilleure contribution hebdomadaire, dont le lauréat recevra la somme de 50 euros, une somme correspondant au salaire minimum mensuel dans certains pays africains !

Reconquête de l’image

Happy in Africa ! constitue par ailleurs un espace unique pour les annonceurs qui ciblent l’Afrique. C’est un média qui leur permet de toucher un public jeune et dynamique. Les publicités n’y seront pas coincées entre une guerre civile et une crise politique, comme c’est malheureusement le cas sur la plupart des médias spécialisés sur l’Afrique, mais elles seront immergées dans un bain d’innovations et de réussites africaines.

Hasard du calendrier (ou synchronicité, aurait dit Carl Jung), Happy in Africa ! a été lancé depuis Dakar au moment où le président sénégalais, Macky Sall, déclarait au « Africa CEO Forum », à Genève : « Nous devons parler de l’Afrique active, qui innove, invente, construit et crée. Pas seulement de l’Afrique des clandestins. C’est pour cela que j’invite à un nouveau regard sur l’Afrique. » La reconquête de l’image du continent débute donc à Dakar et, pour répondre au commentaire qui m’a inspiré cette chronique, oui, je souhaite voir éclore des révolutions. Happy in Africa ! ! en est une.

Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant.