Deux internationaux iraniens de football, parmi les plus chevronnés, ne joueront sans doute plus jamais pour leur équipe nationale : ils ont franchi la « ligne rouge », selon le ministère iranien des Sports.

La « ligne rouge » ? Avoir disputé un match face à une équipe israélienne avec leur club grec, Panionios.

« Ehsan Haji Safi et Masoud Shojaei n’ont plus leur place en équipe nationale d’Iran car ils ont franchi la ligne rouge du pays », a déclaré le ministre adjoint des Sports, Mohammad Reza Davarzani, à la télévision d’Etat IRIB.

Ces deux joueurs de Panionios avaient refusé de disputer fin juillet le match aller du 3e tour des qualifications de la Ligue Europa chez le club israélien du Maccabi Tel-Aviv. Mais ils avaient participé au match retour, la semaine dernière en Grèce, s’attirant les louanges du ministère israélien des Affaires étrangères, qui avait écrit sur son compte Twitter en persan qu’ils avaient « brisé un tabou ».

« Ces 38 dernières années (depuis la création de la République islamique), aucun de nos sportifs n’a accepté d’affronter des sportifs du régime sioniste (Israël) (...) même aux jeux Olympiques », a dit jeudi le ministre adjoint des Sports. « Deux joueurs ont ignoré cette question au motif qu’ils ont un engagement avec leur club, mais qu’en est-il de leur engagement envers la grande nation iranienne? »

Masoud Shojaei et Ehsan Hajsafi (de dos), lors d’un match de Coupe d’Asie en janvier 2015. Les deux hommes comptent à eux deux 154 sélections avec l’Iran, déjà qualifié pour la Coupe du monde 2018. / PETER PARKS / AFP

Israël et l’Iran n’entretiennent aucun lien diplomatique. Téhéran estime que participer à une rencontre sportive contre des athlètes israéliens équivaut à une reconnaissance de cet Etat et à un abandon de la cause palestinienne.

En début de semaine, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères avait conseillé aux sportifs iraniens qui évoluent à l’étranger d’inscrire dans leur contrat qu’ils ne veulent pas rencontrer d’adversaire israélien.

Le vice-président de la Fédération iranienne de football, Ali Kafashian, avait affirmé la semaine dernière au site Mizan Online que les deux joueurs en question auraient dû refuser de jouer « même au prix de l’annulation de leur contrat ».

Des internationaux iraniens, anciens ou actuels, comme Ali Karimi et Mehdi Taremi ont toutefois soutenu leurs compatriotes en disant qu’ils n’avaient pas d’autre choix.