Les entraîneurs Arsène Wenger et Antonio Conte, le 6 août à Londres. / Frank Augstein / AP

Et si le championnat anglais était de retour au premier plan ? Et si cette Premier League édition 2017-2018, lancée par un alléchant Arsenal-Leicester, était celle du retour en grâce tant attendu ? « Ce sera la saison la plus compétitive de l’histoire de la Premier League », s’enflamme même l’ancien international anglais Stan Collymore dans une tribune publiée par le tabloïd The Mirror.

Au niveau du spectacle, de l’intensité et des moyens financiers, le football anglais n’a jamais entièrement perdu de sa superbe. Néanmoins, le constat est là : sur le plan européen et depuis la Ligue des champions remportée par Chelsea en 2012, les clubs britanniques sont à la traîne. Habitués à jouer les premiers rôles de la compétition, les voilà incapables de franchir les portes des quarts de finale depuis maintenant cinq ans, à l’exception de Manchester City, dans le dernier carré en 2016. Mais grâce à l’arrivée d’entraîneurs de renom et une puissance financière croissante, le retard accumulé, sur les écuries espagnoles notamment, a diminué. Et l’optimisme, lui, est de retour.

Des équipes renforçées

D’importants efforts ont été consentis sur le marché des transferts pour se renforcer. Manchester City et son entraîneur Pep Guardiola n’ont pas hésité à débourser plus de 240 millions d’euros pour améliorer leur effectif. Des joueurs comme Benjamin Mendy, Bernardo Silva ou encore le champion d’Europe Danilo sont arrivés, ajoutant de la qualité à un effectif qui pourtant, n’en était pas dépourvu. Un recrutement validé par l’ancien joueur de Manchester United Ryan Giggs, qui interrogé par Sky Sports, a toutefois apporté quelques nuances : « Ce qu’ils avaient besoin d’améliorer, c’était leur défense et ça sera aussi intéressant de voir comment Ederson s’adaptera, parce qu’on ne gagne pas le championnat avec un gardien moyen. »

Même son de cloche du côté de Manchester United, le rival historique, qui pour près de 165 millions d’euros a pu s’offrir des renforts de choix. Sur ces 165 millions, 80 ont été investis pour l’attaquant belge Romelu Lukaku et ses 25 buts inscrits en championnat la saison dernière avec Everton. Côté londonien, Chelsea et Arsenal semblent quant à eux faire le choix de la stabilité. Ce qui ne les a pas empêchés de dépenser respectivement 80 et 60 millions d’euros pour enrôler Alvaro Morata et Alexandre Lacazette.

De grands entraîneurs qui se sont acclimatés

José Mourinho, Pep Guardiola ou encore Antonio Conte ont rejoint les bancs de Premier League il y a maintenant un an, ajoutant leur nom à ceux d’entraîneurs respectés comme Jürgen Klopp, Mauricio Pochetino et Arsène Wenger. Et tant de talent sur les bancs, c’est tout simplement du jamais-vu, selon le spécialiste Salim Baungally, présentateur de l’émission « PL Zone » sur SFR Sport 1, seule chaîne française à diffuser la Premier League : « C’est un fait, jamais dans le monde on avait eu, de manière aussi dense, autant de coachs de renom. » Pour les trois premiers cités, la saison précédente fut celle de l’adaptation à un nouveau pays, à un nouveau football et surtout à une nouvelle vie. Nul doute qu’avec une préparation estivale complète et une acclimatation réussie, la donne pourrait considérablement changer. « Certains des coachs arrivés l’an dernier, comme Mourinho, Guardiola et Conte, ont pu modeler leur équipe comme ils le voulaient. Il y a une hausse en qualité pure de leur effectif », abonde Salim Baungally.

Jürgen Klopp, pourtant arrivé en octobre 2015, a par exemple encore besoin de temps pour que son groupe assimile ses méthodes. Mettre en place le jeu offensif qu’il prône est long, et sur ce plan des progrès significatifs sont attendus dès cette saison. D’autant que Liverpool dispose de joueurs talentueux, à l’image de Mohamed Salah, arrivé cet été de l’AS Roma pour ce qui constitue le transfert d’un joueur africain le plus cher de l’histoire (40 millions d’euros).

City et Chelsea favoris ?

Pep Guardiola, en avril. / Alastair Grant / AP

A Manchester City, Pep Guardiola a fait son recrutement de manière à évoluer dans un système qui rappelle celui qui était le sien à Barcelone, quand il était à l’apogée du football européen. Un jeu fondé sur la possession de balle et sur l’apport de latéraux hauts sur le terrain, capables de répéter les efforts et de distiller de bons ballons. La marque des grandes équipes, selon l’ancien joueur de Liverpool Robbie Fowler, lui aussi devenu consultant pour The Mirror : « Les trois défenseurs qu’il a achetés [Benjamin Mendy, Kyle Walker et Danilo pour un montant total de 138 millions d’euros] sont de bonnes signatures (…). Pour moi, c’est le coup de maître de l’été jusqu’à présent. Je dis cela parce que, quand je regarde les meilleures équipes, elles ont toutes de brillants latéraux qui peuvent causer des ravages (…). Ils ont clairement l’intention d’être plus difficiles à battre ».

Autant dire qu’avec les joueurs qu’il a sous la main, l’entraîneur espagnol peut espérer décrocher le titre et, surtout, aller loin en Ligue des Champions. Au même titre que Chelsea, qui, fort de son titre de champion, a laissé entrevoir de belles promesses l’an dernier, pour la première année sur le banc de son fantasque mais surtout revanchard entraîneur italien. « Antonio Conte, il n’a pas oublié sa finale perdue avec la Juventus. (…) Avec Chelsea, en plus des deux écuries mancuniennes, on a cette année des représentants qui, réellement, peuvent prétendre à faire quelque chose en Ligue des champions », affirme Salim Baungally. S’il aura bien entendu son mot à dire dans cette compétition, José Mourinho visera aussi le titre en championnat. Le Portugais a emmené trois fois son équipe vers le titre en Angleterre. C’était en 2005, 2006 et 2015. Et à deux reprises, ce fut le cas lors de sa deuxième saison sur un même banc. Arrivé l’an dernier, le Portugais est donc dans le bon timing.

Les favoris ne manquent pas

Bien malin est celui qui parviendra à connaître l’identité du futur champion. Concernant les favoris, il est désormais possible d’ajouter Tottenham (sur le podium depuis deux ans) aux cinq clubs historiques habitués à se disputer le haut du tableau, portant le total à pas moins de six écuries concernées par la lutte pour la première place.

« Je mettrais une très grosse pièce sur Manchester City. L’an dernier, Guardiola n’a pas gagné de titre, pour la première fois de sa carrière. Ne pas en gagner deux années de suite, pour lui, ce serait un cauchemar. Donc je le sens très bien en Premier League, mais également en Ligue des champions », pronostique Salim Baungally. Un avis pas vraiment partagé par Robbie Fowler : « Je peux voir City démolir certaines équipes, mais elle concède trop d’occasions (…) alors que la capacité de Chelsea à gagner des matchs 1-0 ou 2-1 devrait faire la différence. »

Avec des équipes rodées pour les joutes européennes et des tacticiens de prestige, le football anglais peut en tout cas prétendre à de belles choses cette saison tant sur le plan national que continental. Et cela devrait commencer dès ce soir puisque Arsenal affrontera Leicester à l’Emirates Stadium.