L’ancienne ministre nigériane du pétrole est une femme riche, très riche. À tel point que même la très sérieuse Commission des crimes économiques et financiers du pays semble s’amuser de la fortune accumulée par celle qui fut un pilier de la présidence Goodluck Jonathan. « Diezani Alison-Madueke : Quel appétit ! », ironise ainsi l’EFCC dans un communiqué publié mercredi 9 août sur son site.

Installée à Londres où elle vit déjà en liberté provisoire dans le cadre d’une enquête ouverte sur des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent, celle qui fut la première femme présidente de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avait développé un goût particulier pour l’immobilier. L’EFCC vient de réévaluer à la hausse le montant des sommes qui lui sont réclamées : plus de 660 millions de dollars (plus de 560 millions d’euros).

Une douzaine de propriétés

Selon la Commission, ses investigations lui ont permis de découvrir tout un parc immobilier illégalement acquis. A Lagos, à Abuja, à Port Harcourt, dans l’Etat de Bayelsa, Diezani Alison-Madueke posséderait une douzaine de propriétés, allant de la villa avec treize chambres à des appartements de haut standing. Montant global estimé des biens : plus de 500 millions de dollars.

Une propriété à Lagos appartenant à l’ex-ministre du pétrole Diezani Alison-Madueke. / EFCC

Ancienne directrice générale de Shell Nigeria et plusieurs fois ministre avant de prendre les commandes du très stratégique portefeuille du pétrole – qui génère plus de 60 % du revenu national du Nigeria –, Diezani Alison-Madueke a investi dans le béton mais également dans les pierres et les métaux précieux. Des boîtes contenant de l’or, de l’argent et des bijoux d’une valeur de plusieurs millions d’euros ont ainsi été découvertes dans l’une de ses résidences d’Abuja, la capitale fédérale, affirme l’EFCC.

En février, l’ancienne reine de l’or noir nigérian avait déjà été condamnée à rembourser près de 130 millions d’euros aux autorités fédérales, le président Muhammadu Buhari ayant fait de la récupération des fonds détournés sous la présidence de son prédécesseur une priorité de son mandat.

Poursuivie pour fraude électorale

Signe que les ennuis s’accumulent pour l’ancienne ministre, la haute cour fédérale de Lagos a annoncé, le 7 août, la saisie définitive de sa propriété située sur la très chic Banana Island. Estimée pour la bagatelle de 31,7 millions d’euros, la résidence comprend 18 appartements et six penthouses. Ses revenus locatifs, soit plus de 2,5 millions d’euros, ont subi le même sort.

Diezani Alison-Madueke, qui clame son innocence et dénonce des persécutions à son endroit, est par ailleurs poursuivie pour fraude électorale. Lors du scrutin de 2015, elle st suspectée d’avoir versé de fortes sommes d’argent pour corrompre des agents de la Commission électorale. En avril, le directeur de l’administration de cette dernière a ainsi reconnu devant la justice avoir reçu 30 millions de nairas (près de 70 000 euros) de l’ex-ministre pour tenter de manipuler les résultats de l’élection ayant permis l’accession au pouvoir de M. Buhari.

Le nom de Mme Alison-Madueke a par ailleurs été cité dans une plainte pour corruption visant deux hommes d’affaires nigérians aux Etats-Unis et dans une enquête en Italie concernant un contrat pétrolier de plus de 1 milliard d’euros avec les majors ENI et Shell.