Téléfilm sur France Ô à 20 h 55

Mister Bob bande annonce TV

Militaire en mal de reconnaissance, aventurier en quête de « petit protectorat tropical », affairiste lié aux régimes les moins recommandables (Bénin, Comores, Congo de Mobutu), Bob Denard fut l’arme souterraine de la France dans l’Afrique postcoloniale des années 1960.

Un héros inavouable de cette Françafrique que l’on surnommait « l’Affreux » ou « le Chien de guerre ». Plus tard, il prospéra aux Comores au gré des coups d’Etat et des renversements d’alliances avant de voir sa « carrière » de barbouze s’achever sur les bancs de la justice française.

Celui que Thomas Vincent, coscénariste et réalisateur, a choisi pour le téléfilm est celui du Congo, époque 1965-1967. Dans l’ancienne colonie belge, « Mr Bob » se met au service de Moïse Tshombe contre Mobutu. Puis se ligue avec Mobutu contre Tshombe. Et réciproquement, sans que lui-même sache comment suivre le vent de l’Histoire. Et c’est là que réside la réussite de cette fiction où Denard (très bon Clovis Cornillac) se révèle dans toute sa complexité entre salaud et faux idéaliste.

Fin tactitien, piètre politicien

Le film l’attrape alors qu’il n’est qu’un terne militaire tenté par les « médailles en chocolat » que peuvent offrir les potentats africains. Fin tacticien mais piètre politicien, Bob Denard endosse le rôle du pion dans une partie d’échecs trop vaste pour lui. En sous-main, Français et Américains sont à couteaux tirés pour asseoir leur influence sur la région. Lui se lie avec Mobutu (excellent Marc Zinga). Mais ne tarde pas à découvrir toute la cruauté et la ruse du « Léopard du Zaïre », qui lui demandera d’exécuter ses ex-amis katangais.

Clovis Cornillac (Bob Denard) et Dan Herzberg (Lieutenant Fourrier) dans « Mister Bob », de Thomas Vincent. / MASCARET FILMS/MOONLIGHTING FILMS/CANAL+ DISTRIBUTION

La difficulté de ce genre de téléfilms, inspirés de faits réels, est d’arriver à tracer une ligne infranchissable entre hagiographie et récit historique. Mister Bob y parvient grâce à son parti pris scénaristique, sa construction en flash-back et le choix de la période la moins connue du mercenaire. Cela n’évite pas quelques longueurs. Surtout, le réalisateur aurait pu faire l’économie d’une mise en scène parfois maniérée. Les images ralenties, les bruits mis en sourdine, ne font que créer une distance inutile entre le spectateur et l’action. Ils donnent surtout au personnage principal une stature héroïque dont il n’a pas besoin.

Mister Bob, de Thomas Vincent. Avec Clovis Cornillac (Fr., 2011, 105 min).