Les militaires sont encore présents à Nairobi, dimanche 13 août. / THOMAS MUKOYA / REUTERS

Les appels au calme se multiplient dans la communauté internationale, dimanche 13 août, pour tenter d’apaiser la situation au Kenya. Alors que des violences à la suite de l’élection présidentielle ont fait au moins vingt-quatre morts selon la Kenya National Commission on Human Rights (KNCHR), un organe de protection des droits de l’homme, le secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Antonio Guterres, a demandé au candidat défait Raila Odinga qu’il « envoie un message clair à ses partisans afin qu’ils s’abstiennent de recourir à la violence ».

L’Union européenne (UE) et Londres ont également appelé à la modération tout en félicitant Uhuru Kenyatta pour sa réélection face à M. Odinga. « Dans la droite ligne de l’Union africaine, l’UE attend de l’opposition qu’elle respecte les résultats et use des voies légales disponibles » pour faire valoir ses réclamations, a déclaré dans un communiqué la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

La colère des partisans de l’opposition a éclaté dès vendredi soir après l’annonce de la victoire du président sortant M. Kenyatta avec 54 % des voix, contre 44 % pour M. Odinga. La coalition d’opposition Nasa affirme que le résultat du scrutin a été la cible d’une manipulation électronique du système de transmission et de décompte des voix utilisé par la commission électorale qui est pourtant censé précisément prévenir les irrégularités.

« Nous ne renoncerons pas »

« Nous ne nous laisserons pas intimider, nous ne renoncerons pas, a affirmé samedi Johnson Muthama, un des hauts responsables de la coalition. Uhuru Kenyatta ne dispose d’aucun mandat pour être le président du Kenya. » Mais l’opposition ne souhaite pas saisir la Cour suprême après l’avoir fait, en vain, en 2013 lors de la précédente élection présidentielle qui avait vu M. Kenyatta l’emporter.

Après l’annonce de ces résultats, les violences ont éclaté dans les grands bidonvilles de la capitale : à Kibera, samedi, les hélicoptères étaient omniprésents dans le ciel et les tirs de gaz lacrymogènes incessants. Des journalistes ont été agressés par des policiers anti-émeutes, selon un reporter du Monde sur place.

Mais dans la nuit de samedi à dimanche, aucun incident notable n’a été rapporté à Nairobi et à l’ouest du pays, acquis à l’opposition. A Mathare, autre bidonville de la capitale très affecté par les violences, des commerçants rouvraient leurs échoppes dimanche matin alors que les policiers et les manifestants avaient déserté les rues.