Les manifestations de Charlottesville en images

« Un jour de honte. » Au lendemain des violences entre des partisans de l’extrême droite et des contre-manifestants antiracistes à Charlottesville (Virginie), qui ont fait un mort et une vingtaine de blessés, les médias américains reviennent longuement sur ces événements, dimanche 13 août. Et un homme, en particulier, se trouve au centre des critiques : le président Donald Trump.

Tous lui reprochent notamment ses premières réactions où il a renvoyé dos à dos les deux camps. « Nous condamnons dans les termes les plus forts ces démonstrations flagrantes de haine, de bigoterie et de violence de tous les côtés, de nombreux côtés », a ainsi déclaré M. Trump, ignorant les questions des journalistes lui demandant s’il dénonçait l’idéologie nationaliste des groupuscules suprémacistes blancs qui ont manifesté.

Pour Chris Cillizza, éditorialiste à CNN, « il est difficile d’imaginer une déclaration moins présidentielle dans un moment où le pays regarde son leader élu pour lutter contre l’intolérance et la haine ». En mettant au même niveau les militants de la droite radicale américaine et les contre-manifestants, M. Trump montre là « son incapacité à saisir ce qui est en jeu ici », poursuit M. Cillizza. Quand un pays va mal « nous avons besoin de la personne que nous avons élu pour nous guider. Trump a fait le contraire aujourd’hui », conclut-il.

« Prudence »

Les manifestants suprémacistes blancs, samedi 12 août, à Charlottesville, en Virginie. / JOSHUA ROBERTS / REUTERS

Pour le Daily News, les Etats-Unis ont vécu « un jour de honte » : « La nation se souviendra longtemps de la honte et du chagrin » ressentis après ces événements. Le quotidien revient également sur la déclaration de Donald Trump :

« Les Américains attendaient de leur président des dénonciations sans équivoque du mal séparatiste, qui une fois plus, divise violemment cette nation. A l’heure actuelle, la nation tourmentée sait qu’elle ne peut pas attendre une telle chose du titulaire actuel du poste. »

La cible des critiques est la même du côté du Washington Post. Dans un éditorial, le quotidien américain reprend les déclarations du président Donald Trump samedi et poursuit en écrivant le discours qu’un « président présidentiel aurait dit » à la suite de tels événements : « Les violences vendredi et samedi à Charlottesville sont une tragédie et une attaque inacceptable et inadmissible contre les valeurs américaines », tout en détaillant :

« C’est une attaque, en particulier, contre les idéaux que nous apprécions le plus dans une démocratie pluraliste – la tolérance, la coexistence pacifique et la diversité. Les événements ont été déclenchés par des individus qui embrassent et exaltent la haine. Les racistes, les néonazis, les membres du Ku Klux Klan et leurs sympathisants – ce sont ces extrémistes qui ont formenté la violence à Charlottesville et dont les opinions doivent être condamnées et rejetés par les Américains. »

Pour le New York Times, « le président Trump est rarement réticent à exprimer son opinion, mais il est souvent saisi par la prudence lorsqu’il s’attaque à la violence des nationalistes blancs, des néonazis et des militants de l’alt-right”, dont certains sont ses partisans ».

Ainsi, pour le quotidien américain, beaucoup de ces militants d’extrême droite « se sont sentis enhardis depuis l’élection de Donald Trump » à la Maison Blanche. Le New York Times met notamment en avant la présence à Charlottesville de David Duke, ancien dirigeant du Ku Klux Klan, qui a soutenu le candidat républicain face à Hillary Clinton durant la campagne, et qui a affirmé samedi que les manifestants étaient là pour faire « respecter les promesses de Donald Trump » de « reprendre le contrôle de notre pays ».

La police de Charlottesville également visée

La police de Charlottesville, qui n’a pas su contenir les manifestants, est également très critiquée, dimanche dans les médias américains. Pour le Washington Post, « selon les experts, la police n’était pas assez nombreuse, mal préparée et inexpérimentée ». Il lui est notamment reproché de ne pas avoir su « séparer et s’interposer » entre les militants nationalistes et les contre-manifestants antiracistes, alors qu’une vingtaine de personnes ont été blessées après des confrontations entre les deux camps.

Enfin, USA Today revient sur la raison de ce rassemblement unitaire de la droite radicale américaine – néonazis, suprémacistes blancs, Ku Klux Klan (KKK) jusqu’à la droite alternative ou « alt-right » –, qui s’est tenu à Charlottesville. Samedi, ils entendaient dénoncer le projet de la municipalité de déboulonner la statue d’un général sudiste favorable à l’esclavagisme, Robert E. Lee (1807-1870), qui se trouve dans un square de la ville.

Le quotidien rappelle que c’est déjà la troisième fois cette année que les militants de la droite nationaliste américaine se réunissent pour protester contre la disparition de plusieurs statues représentant des chefs militaires sécessionnistes.

Et d’avertir : « Les groupes nationalistes blancs continueront de retourner à Charlottesville ». « Nous allons faire de Charlottesville le centre de l’univers. Nous allons revenir ici souvent », a d’ores et déjà prévenu le suprémaciste blanc Richard Spencer, selon USA Today.