Lundi 14 août, le procès du chef de l’opposition zambienne, Hakainde Hichilema, s’est ouvert à Lusaka sous forte présence policière. L’homme est emprisonné depuis avril dans une prison de haute sécurité pour avoir gêné le passage du convoi du président zambien, Edgar Lungu, dont il conteste depuis un an la réélection.

Accusé de « trahison », le leader du Parti uni pour le développement national (UPND), qui a perdu de peu la présidentielle en août 2016, risque un minimum de quinze ans de prison et, dans le pire des cas, la peine de mort. A l’ouverture de son procès, il « a plaidé non coupable » et « le parquet a obtenu un ajournement de l’audience jusqu’à mercredi », a déclaré Charles Kakoma, porte-parole de l’UPND, précisant que son leader paraissait « en bonne santé » malgré les mois passés en prison.

Le procès s’est ouvert dans un climat politique tendu. Des dizaines de policiers anti-émeute quadrillaient l’accès au tribunal, tandis que de nombreux supporters de M. Hichilema s’étaient rassemblés devant la cour. Plusieurs journalistes de médias étrangers – dont le correspondant de l’AFP – se sont vu refuser l’accès à la salle d’audience. Leurs accréditations avaient dans un premier temps été délivrées, avant d’être finalement retirées. « Malheureusement, vos demandes d’accréditation sont à présent rejetées », a déclaré à l’AFP un employé du tribunal, Neto Zulu, sans plus d’explications.

Un autre opposant arrêté

Pendant la campagne, le président sortant, Edgar Lungu, avait promis qu’il était prêt à « sacrifier la démocratie » pour assurer la paix. Sa courte victoire de 100 000 voix devant Hakainde Hichilema n’a pas calmé les esprits et l’opposition refuse de le reconnaître comme le président légitime. L’arrestation musclée en avril du chef de l’opposition – des dizaines de policiers anti-émeute avaient fait le siège de sa résidence et jeté des gaz lacrymogènes avant de l’interpeller – a constitué un tournant dans l’escalade des tensions.

Son transfert, en juin, dans une prison de haute sécurité dans le centre du pays a alimenté un peu plus les critiques de l’opposition, qui dénonce les dérives autoritaires du régime. Mi-juillet, le Parlement a voté l’instauration de l’état d’urgence pour trois mois à la suite d’une série d’incendies criminels attribués par le pouvoir à l’opposition. Le chef d’un petit parti d’opposition, Savior Chishimba, très critique envers le président Lungu, a également été arrêté, début août, avant d’être libéré au bout d’une semaine sans poursuites.

Depuis l’entrée en vigueur du multipartisme en Zambie en 1991, ce petit pays d’Afrique australe a connu une relative stabilité jusqu’aux élections d’août 2016, marquées par plusieurs incidents violents entre partisans politiques rivaux.