Dix toilettes mobiles et cinq robinets ont été installés route de Saint-Omer, à côté des locaux du Secours catholique. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

A Calais, les autorités ont commencé à mettre en place des sanitaires, ont constaté, mercredi 16 août, des journalistes de l’Agence France-Presse, sur place. Ces structures constituent les premiers éléments du dispositif d’aide aux migrants imposé par le Conseil d’Etat.

Dix toilettes mobiles et cinq robinets ont, ainsi, été installés route de Saint-Omer, à côté des locaux du Secours catholique, à quelques kilomètres du centre-ville où vivent entre 450 et 700 migrants. Par ailleurs, « deux camions sur lesquels sont disposées des citernes d’eau potable, 10 latrines supplémentaires, et une caravane mobile comprenant huit toilettes et trois points d’eau seront positionnés sur les lieux de stationnement des migrants », a précisé la préfecture dans un communiqué.

Les équipements mobiles qui seront déployés d’ici au 21 août et encadrés par l’association La Vie active, « ont été privilégiés afin d’améliorer les conditions d’accueil des migrants, tout en maintenant l’objectif réaffirmé par les pouvoirs publics, et validé par le juge administratif, de non-reconstitution d’un campement sur le Calaisis afin d’éviter un afflux incontrôlé de migrants », a ajouté la préfecture.

Pas de douches

Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative, avait confirmé le 31 juillet l’ordonnance du tribunal administratif de Lille, qui avait ordonné, en juin, à l’Etat et à la Ville de Calais la mise en place de mesures pour venir en aide aux migrants, telles que la création de points d’eau et de sanitaires.

La maire de Calais, Natacha Bouchart (Les Républicains), avait alors annoncé qu’elle ne répondrait pas aux « injonctions » du Conseil d’Etat. Le préfet du Pas-de-Calais avait donc affirmé que ce dispositif serait « sous la responsabilité publique ».

Vincent de Coninck, chargé de mission du Secours catholique dans le Nord-Pas-de-Calais, dénonce un dispositif minimal « sous la contrainte, parce qu’on a été condamné ». « Il n’est toujours pas possible pour les exilés de prendre une douche », alors que le tribunal administratif a rendu son ordonnance à la fin de juin, a-t-il par ailleurs déploré.

« Un dispositif d’accès existe déjà pour les personnes les plus vulnérables (malades, femmes, enfants, personnes âgées, personnes handicapées) » et « sera amplifié avant la fin du mois d’août », s’est contentée de répondre la préfecture.

105 personnes accueillies

Saisi par onze associations et une cinquantaine de migrants, le tribunal avait également enjoint au préfet d’organiser, à destination des migrants qui le souhaitent, des départs de la commune de Calais vers les centres d’accueil et d’orientation ouverts sur le territoire français, dans lesquels des places sont disponibles.

Ainsi, les autorités ont annoncé, en juillet, l’ouverture dans les Hauts-de-France de deux centres d’accueil et d’évaluation des situations (CAES) assurant la mise à l’abri des migrants, l’évaluation sous huit jours de leur situation administrative et leur orientation immédiate vers les lieux adaptés à leur situation.

Ces deux centres ont ouvert leurs portes il y a dix jours, et accueilli, selon le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, 105 personnes. « Il faudra attendre un certain temps pour faire le bilan », a-t-il prévenu dans une interview au Figaro. Et d’ajouter : « Je ne veux pas que se reconstituent des jungles comme auparavant à Calais ou à Grande-Synthe. »