Les Ramblas, à Barcelone, le 18 août. La veille, un homme a foncé dans la foule au volant d’une camionette provoquant la mort d’au moins 13 personnes. / Manu Fernandez / AP

C’est un coup dur porté à l’Espagne et à la Catalogne. Le double attentat qui a visé jeudi 17 août Barcelone et la ville balnéaire de Cambrils sur la Costa Dorada pourrait peser très lourd sur l’économie locale. Depuis trois ans, l’Espagne est devenue l’une des principales destinations touristiques mondiales. Alors que 68 millions de visiteurs s’étaient pressés dans la péninsule ibérique en 2015, ils étaient 75 millions en 2016 et 80 millions étaient attendus cette année. Au premier semestre, le pays avait déjà accueilli 36 millions de visiteurs, en croissance de plus de 10 % par rapport à la même période en 2016.

La Catalogne est de loin la première destination touristique du pays. Au premier semestre, la région avait déjà accueilli 8,6 millions de visiteurs devant les îles Canaries (6,9 millions), les Baléares (5,4 millions) et l’Andalousie (5,2 millions).

L’Espagne, et en particulier la Catalogne, a profité à plein ces dernières années de la désaffection des touristes pour la Tunisie, l’Egypte ou la Turquie et, dans une moindre mesure, pour Paris et Londres, liée notamment aux différents attentats.

Cet afflux massif de touristes a cependant créé d’importantes tensions, notamment à Barcelone, où 19 % des habitants estiment que « le tourisme est le principal problème de la ville ». Alors que la municipalité a pris plusieurs mesures contre les plates-formes de type Airbnb pour limiter le nombre d’appartements disponibles à la location ou des services de location de trottinettes électriques dans le centre-ville, jugés nuisibles par les résidents, des actions ont été menées cet été par des militants d’extrême gauche contre des touristes.

Un moteur de l’économie

L’Espagne, et plus précisément la Catalogne – qui pèse 20 % du PIB espagnol –, ne peut-il pour autant se passer aujourd’hui du tourisme ? Pas sûr. Economiquement, le secteur pèse 11,2 % du PIB national. Le secteur a remplacé l’immobilier comme l’un des principaux moteurs de l’économie ibérique.

En Catalogne, le secteur emploie jusqu’à 20 % de la population active, contre 13 % dans le reste du pays. Cependant, il requiert une main-d’œuvre peu chère et temporaire, donnant l’impression d’un « pays de serveurs » comme le dénonce régulièrement la presse.

Les attentats ralentiront-ils l’afflux de touristes et affaibliront-ils la croissance, attendue cette année à 3 % par le Fonds monétaire international ? Il est trop tôt pour le dire. Toutefois, la fragilisation de ce secteur pénaliserait en premier lieu les actifs les plus jeunes, souvent cantonnés aux emplois les plus précaires dans les hôtels et la restauration.

Au-delà du tourisme, la Catalogne conserve d’autres atouts économiques. Son tissu industriel diversifié – automobile, finance, pharmacie – lui permet aujourd’hui de compter pour 30 % des exportations du pays, l’autre moteur principal de la croissance du pays. Et elle affiche un taux de chômage de 13,2 %, qui reste inférieur de 4 points à la moyenne nationale.