LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, les journalistes du « Monde » vous recommandent deux documentaires captivants et un téléfilm émouvant.

« Nos plus belles histoires d’amour », une mémoire collective

Prince Charles marries Lady Diana Spencer

Ils se sont aimés une vie, quelques semaines, en secret ou au vu et au su de tous. France Gall et Michel Berger, Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Romy Schneider et Alain Delon, mais aussi Lady Di et ses trois amours impossibles…

Bref, leur histoire est un peu devenue celle de tous. Parce qu’ils étaient célèbres, leur rencontre, leurs sentiments, leurs déchirements, leur séparation… sont devenus universels, le bien d’une mémoire collective.

C’est en tout cas la dimension que donne à ces « romans sentimentaux » Jean-Alphonse Richard qui, pour l’été, chaque samedi sur RTL, nous narre les histoires d’amour people, sans niaiserie ni trémolos de groupie dans la voix.

Témoignages de proches et d’experts, extraits d’interviews, de chansons, de documents d’époque à l’appui, les récits font renaître des images, ressurgir des souvenirs. Comme un album photo que quelqu’un rouvrirait avec vous en prenant soin de le commenter avec sobriété pour mieux le préserver du roman à l’eau de rose. Même si les clichés qu’ils recèlent ne parlent que de passions, d’étreintes et de fureurs. Véronique Cauhapé

« Nos plus belles histoires d’amour », de Jean-Alphonse Richard. Les samedis à 14 heures sur RTL. Et sur Rtl.fr.

« Vérités assassines », plongée dans la noirceur humaine

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Dans ce téléfilm réalisé par Arnaud Sélignac, Vérités assassines, l’auteur de polars et scénariste de télévision Virginie Bracq signe elle-même l’adaptation d’un de ses livres, Double peine (Grand Prix de littérature policière, 2004), qui met en scène son héroïne récurrente, la psychiatre urgentiste Véra Cabral.

Celle-ci (très finement incarnée par Zabou Breitman) est dépêchée au quartier des femmes de la prison de Fleury-Mérogis, où une détenue, quelques jours avant sa libération, a tué une surveillante avant de se retrancher avec un nourrisson qu’elle menace d’égorger. Véra Cabral parvient à maîtriser la situation et déjouer le drame mais ne lâche pas pour autant l’affaire, bien résolue à comprendre ce qui a pu pousser la détenue (Michèle Bernier, fabuleuse) à une telle extrémité.

Secret de familles, maltraitance, inceste… A l’origine du drame, les pièces qui ont contribué à dévaster un être humain se dévoilent progressivement. Malgré quelques faiblesses de réalisation, ce téléfilm nous entraîne dans le gouffre qu’il ouvre à nos pieds. V. Ca.

« Vérités assassines », d’Arnaud Sélignac. Avec Zabou Breitman, Michèle Bernier, Maher Kamoun (France, 2007, 2 x 90 minutes). Sur NRJplay jusqu’au jeudi 24 août.

« Les Routes de l’impossible », l’or au prix de l’angoisse

Les routes de l&39;impossible Guyana, les convois du monde perdu YouTube360p

En Amérique centrale, le mythe de l’eldorado persiste cinq cents ans après son apparition, et l’or fascine encore. Au Guyana, cet attrait pour le métal précieux est à l’origine d’une exploitation certes peu lucrative mais toujours d’actualité, ainsi que nous le montre ce numéro des Routes de l’impossible, véritable plongée aux confins de la forêt amazonienne, à la rencontre de ceux qui bravent le danger et l’épuisement pour gagner leur vie.

Afin d’approvisionner les mines en carburant, des convois de camions colossaux traversent la jungle inhospitalière. Les conditions de trajet sont épouvantables : chaleur suffocante, humidité extrême, sol marécageux, pentes escarpées… A cela s’ajoute la longueur du périple, qui empêche les camionneurs de dormir plusieurs jours durant. Le rythme haletant du documentaire est à l’instar du quotidien de ces hommes. L’immersion est efficace, progressant au gré des témoignages sobres de travailleurs infatigables qui rêvent de fortune.

Sur le territoire sauvage de la République du Guyana, le transport routier prédomine tant pour l’acheminement des hommes que pour celui des marchandises. Des minibus qui assurent des courses entre Georgetown, la capitale, et des villes reculées, aux engins plus robustes qui acheminent des vivres dans des villages inaccessibles comme Monkey Mountain… Pour tous, le temps est compté, le trajet, éprouvant, les efforts bien souvent vains et les espoirs de richesse, déçus. Rémi Lefebvre

« Les Routes de l’impossible : Guyana, les convois du monde perdu », documentaire de Julien Félix (France, 2013, 50 minutes).