Evacuation de migrants, Porte de la Chapelle, à Paris, le 18 août. / BERTRAND GUAY / AFP

Philippe Goujon est en colère. Le maire LR du XVe arrondissement de Paris a protesté, vendredi 18 août, contre l’installation d’environ 450 migrants dans son secteur. Vendredi matin, près de 2 500 réfugiés, originaires d’Afghanistan, du Soudan, de Somalie et d’Érythrée, ont été évacués de campements sauvages Porte de La Chapelle, et ont été transférés, selon la préfecture d’Ile-de-France, vers 18 gymnases à Paris et en Ile-de-France, dont deux dans le XVe arrondissement.

« Je n’ai jamais été prévenu officiellement, affirme Philippe Goujon. La méthode du gouvernement est indigne, il y a un mépris total pour les élus locaux. » L’élu a également fustigé la situation dans une lettre adressée à ses administrés. « C’est la troisième fois qu’un gymnase du XVe est choisi, sans que j’en sois informé, pour être transformé en campement de migrants dont la plupart, clandestins, ne sont même pas éligibles au droit d’asile », a-t-il écrit dans ce courrier daté de jeudi et distribué vendredi à des habitants. Le maire les assure de ses « efforts » pour « obtenir dans les plus brefs délais l’évacuation de ce campement ».

« Les élus locaux ont été prévenus il y a deux, trois jours que ce serait ce site-là », a répondu le secrétaire général de la préfecture d’Ile-de-France, François Ravier, qui précise que des tentes, installées à côté des gymnases réquisitionnés, seront également utilisées. Selon l’Office français de l’immigration et de l’intégration, en tout 449 personnes y seront accueillies.

Silence « assourdissant » des élus LRM

« La même politique produit les mêmes effets », a déploré M. Goujon, jugeant que les campements évacués à La Chapelle allaient se reconstruire. « Je regrette que le nouveau président de la République suive la même politique d’absence de maîtrise de l’immigration que son prédécesseur », a-t-il critiqué, dénonçant un silence « assourdissant » des députés La République en marche du XVe arrondissement.

Venu sur place vendredi, Jean-François Lamour a également fustigé « une politique de fuite en avant ». « Là où on accueillait une centaine de migrants il y a quelques mois, on en accueille aujourd’hui 500 », a accusé l’ancien député LR parisien. En juin 2016, Jean-François Lamour, alors député LR, et Philippe Goujon avaient bloqué l’entrée d’un gymnase de l’arrondissement qui devait accueillir des réfugiés. L’ex-ministre des sports a ajouté :

« L’ouverture du centre de La Chapelle a créé un appel d’air (…) qui envoie un message aux migrants, mais aussi aux trafiquants, qu’ils peuvent venir librement ».

Florence Berthout, présidente du groupe LR au conseil de Paris, a quant à elle critiqué la décision de la préfecture « au mépris de toute information et concertation avec le maire ».

L’évacuation vendredi de campements sauvages Porte de la Chapelle est la 35e opération du genre en deux ans dans la capitale. Il y a six semaines, environ 2 800 migrants avaient déjà été évacués de ce lieu situé au nord de Paris.