Roman Polanski, le 27 mai. / LAURENT EMMANUEL / AFP

L’accusé et sa victime le demandaient, mais un juge de Los Angeles a refusé, dans une décision publiée vendredi 18 août, de clore les poursuites pour agression sexuelle sur mineure contre le réalisateur franco-polonais Roman Polanski.

« L’accusé dans cette affaire est un fugitif qui refuse d’exécuter les ordres des tribunaux », écrit le juge Scott Gordon dans sa décision. « Même si elle a été décrite avec éloquence par » la victime Samantha Geimer, âgée de 54 ans et qui en avait 13 à l’époque des faits, « sa conduite continue à la blesser et amplifie le traumatisme de l’agression sexuelle qu’elle a subie », argumente le juge.

« La seule chose qui a changé dans ce dossier est que l’accusé, à travers ses avocats, continue ses attaques contre chaque magistrat en charge du dossier (...). Une telle conduite ne constitue pas une base de clôture des poursuites », conclut-il.

« Ce tribunal continue à étudier une affaire vieille de 40 ans avec un accusé de [84 ans] qui a déjà servi plus de trois fois en détention la peine que lui avait promise cette cour », a répété l’avocat de Polanski Harland Braun dans une motion publiée vendredi.

La victime implore de « refermer cette affaire »

Samantha Geimer avait quant à elle imploré en juin le tribunal de « refermer cette affaire », déclarant que les procédures interminables minaient son existence et qu’elle avait pardonné à son agresseur.

Le cinéaste, qui a eu 84 ans vendredi, est accusé d’avoir drogué Samantha Geimer et de l’avoir violée dans la maison de Jack Nicholson à Los Angeles en 1977, pendant que l’acteur était en voyage. M. Polanski avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure et, en échange, le juge avait accepté de ne pas retenir d’autres chefs d’inculpation plus graves, notamment le viol avec fourniture et usage de drogue. L’accord juridique avait été obtenu avec le consentement de la famille et de leurs avocats.

Après 42 jours en détention pour subir un examen psychologique, il avait été libéré pour pouvoir terminer un tournage. D’après des documents déposés par son avocat Harland Braun, Polanski avait obtenu par le juge en charge de l’affaire que les six semaines qu’il avait déjà passées en détention seraient sa seule peine d’incarcération.

Mais en 1978, convaincu que le juge allait revenir sur cette promesse et l’envoyer en prison, pour peut-être des décennies, il a fui pour la France. M. Polanski, marié avec l’actrice Emmanuelle Seigner, avec qui il a deux enfants, a depuis toujours refusé de retourner aux Etats-Unis sans assurance qu’il ne serait plus emprisonné.