Cinq jours après les attaques qui ont fait quinze morts en Catalogne, les quatre suspects encore en vie et aux mains des autorités ont été amenés au tribunal de Madrid, mardi 22 août, pour être présentés à un juge. Soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’organisation des attentats, ils seront éventuellement mis en examen à l’issue des auditions, et pourront être placés en détention provisoire.

Les quatre suspects – un Espagnol et trois Marocains – ont été amenés dans des fourgons de la garde civile peu après 8 heures, escortés par des voitures de police toutes sirènes hurlantes, à l’Audience nationale, tribunal notamment spécialisé dans les affaires de terrorisme, a constaté l’AFP TV. Les quatre hommes étaient en garde à vue depuis cinq jours et sont entendus par le juge d’instruction Fernando Andreu, en compagnie d’au moins deux procureures.

« Sur les quatre personnes que nous avons en garde à vue, évidemment toutes sont interrogées et certaines ont apporté des informations intéressantes », avait déclaré dimanche le chef de la police de Catalogne, le major Josep Lluis Trapero, laissant entendre que certains des détenus avaient parlé.

  • Un projet d’attentat d’envergure

Devant le juge, l’un des suspects, un Espagnol de l’enclave de Melilla, a admis que la cellule terroriste que les autorités ont affirmé avoir démantelée préparait un attentat de plus grande envergure, a appris l’AFP de source judiciaire. Il s’agit du suspect qui a été blessé dans l’explosion accidentelle – mercredi 16 août – d’une maison à Alcanar, à 200 km de Barcelone, et représente un témoin clé pour les autorités, puisque deux autres suspects ont été tués dans l’explosion.

Les enquêteurs soupçonnaient la cellule terroriste d’avoir envisagé au moins un attentat à la bombe, liant les attaques de Barcelone et de Cambrils à l’explosion d’Alcanar. Plus d’une centaine de bonbonnes de gaz ont été retrouvées dans la maison, ainsi que des traces de TATP, un explosif artisanal particulièrement prisé des djihadistes. L’accident d’Alcanar aurait précipité l’action des djihadistes, qui se seraient rabattus sur des moyens plus « rudimentaires », selon le chef de la police catalane.

  • Un imam soupçonné d’avoir endoctriné les assaillants

La police catalane a confirmé lundi que l’imam Abdelbaki Es-Satty, soupçonné d’être le cerveau de la cellule terroriste, était mort dans l’explosion de la maison d’Alcanar. Plus âgé que les autres membres du groupe, l’homme de 45 ans est soupçonné d’être à l’origine de leur radicalisation.

Il était aussi connu de la justice pour avoir effectué, entre 2010 et 2014, un séjour en prison pour trafic de drogue. Depuis deux ans, il résidait à Ripoll, où il louait pour « 150 euros » par mois, selon son colocataire, un deux-pièces décrépi.

  • Le conducteur de la fourgonnette abattu

Younes Abouyaaqoub, le conducteur de la fourgonnette qui a tué treize personnes sur les Ramblas, a été abattu au cours d’une opération de police à Subirats, commune proche de Barcelone, ont annoncé lundi soir les autorités. Il s’agissait du seul suspect à s’être enfui, selon les autorités.

Le responsable de l’intérieur catalan, Joaquim Forn, avait confirmé lundi matin l’identification du conducteur, ajoutant qu’il était activement recherché. Selon les informations du journal El País, qui a eu accès aux images de vidéosurveillance de Barcelone, le suspect se serait enfui à pied après l’attentat en passant par le marché La Boqueria, situé sur les Ramblas.