Pendant son séjour, Réda Merida a été invité par la RAI, la première chaîne de télévision publique en Italie, pour parler de son article publié au mois de mars : « La génération Erasmus à la rescousse de l’Europe ? » / Capture d'écran Rai / RM

Les examens validés, la licence obtenue, les valises emballées, les amis étreints et embrassés, un dernier tour en ville pour admirer une ultime fois chaque monument ; et surtout une dernière pièce dans la fontaine de Trevi pour être sûr de revenir dans cette ville qui, il y a un an, m’était complètement étrangère et à qui j’appartiens pleinement aujourd’hui. Toutes les bonnes choses vont à un terme, disent-ils, l’heure du retour en France a déjà sonné. De cette expérience, les étudiants tirent grandement profit, et cela sur plusieurs points, parfois au-delà même de leurs attentes. Car, avant tout, le but de notre échange universitaire est académique : nous bénéficions d’une liberté de choix de cours (relative car dépendant de la sévérité de l’université d’origine) qui nous permet de toucher à d’autres domaines. A titre d’exemple, l’étudiant en science politique que je suis a pu étudier de la finance, de l’économie de la santé, du journalisme... ce qui m’a fait découvrir d’autres domaines qui pourraient m’intéresser ou pas.

Ouverture de perspectives

D’ailleurs, c’est grâce à un de ces cours, que je n’aurais jamais pu prendre dans mon université française, que j’ai aiguisé mon projet d’études. En découvrant le monde des données, je me suis mis à chercher un master qui conjuguerait cette discipline avec la spécialité de ma licence. Le master trouvé, j’ai postulé, attendu, passé un entretien, attendu, ai été admis ! Mon cas n’est en aucun cas unique, alors que la plupart de mes camarades restés en France entament le deuxième cycle dans le même domaine d’études, plus ou moins, que celui de la licence, beaucoup de ceux avec qui j’ai passé mon Erasmus s’inventent des trajectoires d’études atypiques. Lucie Bigaud, une camarade française avec moi à Rome, s’est rendu compte qu’elle pouvait prendre son temps pour trouver sa voie : « Ça m’a permis de relativiser sur le rythme des études : les étudiants français en échange sont souvent les plus jeunes et ceux qui ne font pas d’année de césure ou de stage. Donc je me suis rendu compte que j’ai encore le temps de chercher, me tromper, me réorienter et donc moins stresser par rapport à ça », dit-elle. D’ailleurs, après l’obtention de sa licence et son retour en France, elle a décidé de s’orienter vers une tout autre discipline, la médiation culturelle, dans une autre université.

Enrichissement personnel

Je suis parti trilingue, je suis revenu quadrilingue, maîtriser une langue nous permet de nous approprier la culture, la musique, le pays. L’immersion culturelle est un élément clé dans l’apprentissage d’une langue étrangère, échanger avec l’entourage ; colocataires, voisins, amis, râler dans le bus, indiquer le chemin à un passant, commander une pizza, etc. Des actes futiles d’apparence, mais qui renforcent notre intégration et notre attachement au pays d’accueil.

Ma vie culturelle n’a jamais été aussi riche que durant ma mobilité à Rome ; la ville est truffée de musées d’histoire, de musées contemporains, d’œuvres architecturales, de salles d’exposition, etc. J’ai fait des botellones (rassemblement alcoolisé de jeunes dans la ville) au pied du Colisée ou de la basilique Saint-Paul, j’ai participé à des événements culturels engagés dans des squats et des endroits occupés, j’ai admiré tant de fois la sculpture l’Extase du Bernin dans son église ténue, j’ai découvert une incroyable scène de musique techno, à laquelle je ne m’attendais pas, j’ai assisté à des conférences qui traitaient de journalisme, de sécurité alimentaire ou du mouvement queer italien. J’ai aussi assisté à une messe avec le pape François.

Tout cela développe en nous des qualités transversales, Pia Andersen par exemple, étudiante norvégienne en échange avec moi à Rome, sachant qu’elle peut se séparer facilement de sa zone de confort dorénavant, elle se sent beaucoup plus indépendante qu’avant. De ce fait, elle a décidé de ne pas retourner dans son pays, à la rentrée prochaine, elle recommencera l’expérience à Bruxelles, en tant que stagiaire cette fois.

Renforcer notre employabilité

C’est la Commission européenne qui le dit ! Une étude de 2014 sur l’impact du programme Erasmus montre qu’avec une expérience internationale, les diplômés entrent bien plus facilement dans le marché de l’emploi. Le risque de devenir chômeur de longue durée est deux fois inférieur par rapport à ceux qui sont restés dans le même établissement ou pays durant tout leur cursus et, cinq ans après l’obtention de leur diplôme, leur taux de chômage est inférieur de 23 %.

En effet, 92 % des employeurs disent rechercher chez ceux qu’ils envisagent d’embaucher des traits de personnalité que le programme renforce, tels que la tolérance, l’indépendance, la confiance en soi, l’aptitude à résoudre des problèmes, la curiosité, la connaissance de ses propres points forts et faibles et la détermination au moment de l’embauche. Quant aux stagiaires qui effectuent une mobilité à l’étranger, l’étude révèle que plus d’un sur trois se voit offrir un poste dans son établissement d’accueil.

Par ailleurs, la maîtrise d’une langue étrangère et notre expérience internationale participent indéniablement au décloisonnement de notre bassin de recherche d’emploi une fois diplômé et à l’élargissement de nos perspectives professionnelles.

Réda Merida

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