Devant le Musée du Louvre, à Paris, le 25 août. Sur les six premiers mois de 2017, l’Ile-de-France a accueilli 1,5 million de personnes supplémentaires. / LIONEL BONAVENTURE / AFP

Du soulagement, mais surtout pas de triomphalisme. Après une année 2016 catastrophique, les touristes, en particulier américains et chinois, sont revenus en masse en Ile-de-France au premier semestre 2017, selon le bilan présenté mardi 22 août par le Comité régional du tourisme (CRT) Paris Ile-de-France. Avec 16,4 millions d’arrivées dans les hôtels (+ 10,2 %), la fréquentation dans la capitale et les alentours renoue même avec un niveau jamais atteint depuis 2008.

En 2016, les voyageurs internationaux, notamment les Japonais et les Chinois, avaient boudé la région parisienne (et la France en général) à la suite des attentats de Paris en novembre 2015, puis de Nice en juillet 2016. Les images des rues de Paris grouillant de poubelles, pour cause de grève des éboueurs, ou encore d’une voiture de police en feu à la suite des manifestations contre la loi travail, diffusées sur les télévisions du monde entier, n’avaient pas aidé.

« Contexte favorable, mais fragile »

« Au total, 1,5 milliard d’euros de retombées économiques avaient été perdues pour l’économie francilienne en 2016. Avec 1,5 million de touristes en plus au premier semestre, cela permet déjà de récupérer 1,1 milliard d’euros de retombées », pour les hôteliers, les restaurateurs et autres opérateurs de musée, souligne François Navarro, directeur général du CRT.

« Nous ne devons pas nous laisser griser par l’euphorie, insiste Frédéric Valletoux, président du Comité régional du tourisme et maire (LR) de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Le contexte est favorable, mais il reste fragile. » Les récents attentats meurtriers en Espagne sont là pour rappeler la réalité de la menace terroriste.

L’ensemble de la France a bénéficié de ce regain. Le 8 août, l’Insee avait indiqué que 96,8 millions de nuitées hôtelières (+ 4,6 %) avaient été enregistrées dans la France entière entre janvier et juin 2017. Pour autant, la suite apparaît plus contrastée.

« C’est une saison bizarre, commente Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme. Le printemps a été excellent. Sur cette lancée, on pouvait s’attendre à une année record, mais un retournement s’est opéré à partir du mois de juin. Juillet a été en général décevant avec en moyenne un recul de 2 % des nuitées dans les hébergements répertoriés. Il va falloir attendre la toute fin de septembre pour savoir si la saison estivale a été réussie. »

« Mener une vraie réflexion sur le produit France »

Certains, cependant, se montrent déjà satisfaits. Entre le 1er juin et la fin août, le site de locations entre particulier Airbnb a enregistré, selon un premier pointage, 4,9 millions d’arrivées voyageurs en France. « Cela représente une croissance d’environ 40 %, tirée en particulier par l’engouement des Français pour le voyage en France, y compris en dehors des circuits touristiques classiques », indique Emmanuel Marill, directeur général d’Airbnb France et en Belgique.

« Nous avons réalisé une très bonne saison grâce à la clientèle européenne, avec une hausse de 5 % de notre chiffre d’affaires depuis avril, et septembre se présente bien, se réjouit Alain Faveau, président de la chaîne d’hôtellerie de plein air Sunêlia. La progression était de 16 % entre avril et fin juin, mais la basse saison ne représente que 30 % de notre chiffre d’affaires. » Pas de miracle : « Nous devons améliorer la qualité de nos infrastructures et proposer toujours plus de services pour convaincre les étrangers qui traversent la France pour aller en Espagne de s’arrêter chez nous. »

« La France continue de perdre des parts de marché. Depuis 2000, les recettes touristiques ont augmenté de 30 % dans l’Hexagone, quand elles progressaient de 80 % en Espagne. Il est nécessaire de mener une vraie réflexion sur le produit France, mal placé en termes de tarifs ou encore d’offres, notamment vis-à-vis des jeunes qui privilégient les destinations de fête », prévient M. Arino.