Emmanuel Macron à Salzbourg, le 23 août. / HEINZ-PETER BADER / REUTERS

En déplacement en Autriche, le président de la République, Emmanuel Macron, a de nouveau critiqué la directive des travailleurs détachés, mercredi 23 août. Pour le chef de l’Etat, ce dispositif mis en place en 1996 et accusé de favoriser le « dumping social » est une « trahison de l’esprit européen dans ses fondamentaux », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse commune aux côtés du chancelier autrichien, Christian Kern à Salzbourg.

« La directive travailleur détaché telle qu’elle fonctionne est une trahison de l’esprit européen dans ses fondamentaux. Le marché unique européen et la libre circulation des travailleurs n’a pas pour but de favoriser les pays qui font la promotion du moindre droit social », a expliqué le président français.

« Nous avons peur du dumping social »

Au cours de sa déclaration, M. Macron a également détaillé les mesures qu’il souhaitait mettre en place pour modifier cette directive.

« Le projet de réforme des directives que nous visons est un projet qui vise à réduire le temps d’utilisation du travailleur détaché, à renforcer les contrôles et la possibilité des contrôles, à avoir un principe simple qui est : “à travail égal, rémunération égale”, ce qui évite toute distorsion et de permettre d’avoir une refonte en profondeur du système actuel. »

A ses côtés, le chancelier autrichien est d’ailleurs allé dans le sens du chef de l’Etat français : « Nous avons peur du dumping social. » Cette mesure est au centre de la première tournée diplomatique d’Emmanuel Macron en Europe centrale, débutée ce mercredi. Il doit notamment rencontrer en fin d’après-midi les dirigeants tchèque et slovaque, qui refusent de toucher à cette directive qui permet la libre circulation des travailleurs de l’Union européenne.

« Trois cent mille Français sont travailleurs détachés »

Ce dispositif européen a également été au cœur du débat lors de la campagne présidentielle française et a ainsi opposé eurosceptiques et europhile. Au cours du débat réunissant les 11 candidats, le 4 avril, Marine Le Pen avait affirmé son opposition face à cette mesure : « Je ne veux pas de cette directive détachement, même si on respecte la loi. Je la trouve profondément injuste parce qu’elle crée une priorité étrangère à l’emploi (…). Le travailleur étranger est moins cher que le travailleur français. »

En réponse à la candidate du Front national, M. Macron avait défendu ce dispositif en rappelant que « 300 000 Français sont travailleurs détachés », tout en souhaitant que les contrôles soient renforcés pour éviter les dérives :

« Vous irez leur dire que, demain, c’est fini pour eux. (…) Le problème, c’est le travail détaché illégal (…). Vous irez expliquer aux salariés français qu’on ferme leurs emplois. Je n’accepte pas qu’on déforme la réalité. Je suis pour un contrôle, pour l’harmonie sociale. Je vous dis que le cœur du problème est dans un contrôle accru, qui a été mis en place et se renforce, mais qui est insuffisant. »