Le premier ministre Edouard Philippe, le 9 août, à l’Assemblée nationale. / JACQUES DEMARTHON / AFP

C’est la rentrée pour Edouard Philippe. Le premier ministre, invité de BFM-TV jeudi 24 août, est revenu sur les dossiers qui attendent le gouvernement ces prochaines semaines.

Il est notamment revenu sur la réforme du code du travail qui entre dans sa dernière phase de négociations, sur la baisse des emplois aidés, ou encore sur la baisse des cotisations qui se fera en deux temps en 2018. Tour d’horizon de ces annonces.

  • La baisse des cotisations salariales se fera en deux temps en 2018

Le premier ministre a confirmé jeudi matin que la baisse des cotisations salariales chômage (2,4 %) et maladie (0,75) se fera en deux temps en 2018 pour les actifs. « Il y aura une baisse de plus de deux points de cotisations sociales dès le 1er  janvier. En octobre, il y aura ensuite une baisse d’un peu plus d’un point », a-t-il annoncé. Durant la campagne, Emmanuel Macron avait promis que cette suppression partielle des cotisations sociales devait se faire intégralement dès le 1er janvier 2018.

Cette baisse permettra de compenser une hausse de la CSG de 1,7 % sur les revenus du capital dès le début de l’année prochaine. Pour Edouard Philippe, ces mesures permettront « un gain de pouvoir d’achat considérable pour les actifs, pour les salariés, pour les indépendants, les fonctionnaires… »

« On pense qu’il faut que ceux qui travaillent, qui produisent la richesse aient un gain de pouvoir d’achat, a-t-il poursuivi. On est sur quelque chose, je crois, de jamais vu en termes d’augmentation de pouvoir d’achat pour les actifs. » Ainsi pour le premier ministre, « un salarié qui gagne le smic » peut compter sur « plus de 250 euros de pouvoir d’achat sur une année pleine ».

  • Baisse du nombre d’emplois aidés en 2018

Les emplois aidés sont dans le viseur du gouvernement. Pour Edouard Philippe, ils sont « trop coûteux » pour les finances de l’Etat et « peu efficaces » dans la lutte contre le chômage. « Nous voulons une politique active de retour à l’emploi : baisse des charges qui fait diminuer le coût du travail notamment sur les bas salaires, retour de la croissance, a-t-il expliqué. Après un contrat aidé, le nombre de gens qui trouvent un contrat durable, c’est 25 %. 75 %, après, n’ont rien. »

Alors que l’Etat a financé près de 320 000 contrats aidés en 2017, M. Philippe a confirmé qu’il y en aurait moins de « 200 000 » en 2018. Deux domaines seront toutefois préservés : « l’éducation et l’outre-mer ». « Moi, ce que je souhaite c’est consacrer des moyens pour financer des formations individualisées, qui permettent un retour durable à l’emploi », a-t-il poursuivi.

  • La taxe d’habitation baissera de 30 % en 2018

C’est une des mesures phare du président Macron, la suppression de la taxe d’habitation. Sur BFM-TV, jeudi matin, le premier ministre Edouard Philippe a annoncé que « dès 2018, 30 % des Français vont bénéficier de l’exonération » de cet impôt perçu par les villes. Face à la fronde des collectivités locales, l’ancien maire du Havre a tenté de les rassurer : « Ça n’aura pas d’impact pour les collectivités locales, car ça sera compensé par l’Etat. »

« La taxe d’habitation est un mauvais impôt, c’est un impôt injuste dont les bases ont été définies dans les années 1970 sans prendre en compte les évolutions des villes, des quartiers. Notre objectif, c’est de réfléchir à comment est ce qu’on fait pour avoir une fiscalité locale plus intelligente. »

Mais quelques minutes après l’interview, les services du premier ministre ont précisé à l’agence de presse Reuters, que, en fait, la baisse de la taxe d’habitation sera de 30 % l’année prochaine pour 80 % des foyers.

  • Le premier ministre précise le calendrier des réformes

Alors que six lois ont été votées durant l’été, dont le projet de loi sur la moralisation de la vie publique, le premier ministre est revenu sur le calendrier des réformes qui attend le gouvernement ces prochaines semaines.

« A partir de septembre, il y aura une mise en œuvre de la réflexion sur une réforme importante de la formation et l’assurance chômage, a-t-il fait savoir. Et à partir de 2018, on va se lancer sur la question des retraites, ça sera un processus un peu plus lent. »

  • Edouard Philippe répond à François Hollande

François Hollande est de retour. L’ancien président de la République est sorti de sa réserve le 22 août pour critiquer la réforme du code du travail prônée par Emmanuel Macron et Edouard Philippe.

« Il ne faudrait pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles », a-t-il déclaré à Angoulême, en marge du Festival du film francophone. « Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons déjà fait, au risque de créer des ruptures. Ce qu’il faut, c’est conforter le mouvement qui est engagé : l’investissement, la consommation, le pouvoir d’achat et éviter toute décision qui viendrait contrarier ce mouvement. »

Mais pour M. Philippe, cette prise de position de M. Hollande montre son « souhait que tout continue comme avant, comme il faisait. Moi, j’ai compris des élections en 2017 que les Français n’avaient pas du tout envie de ça, qu’ils avaient envie d’une grande transformation. »

Le chef du gouvernement en profite également pour critiquer la loi El Khomri qui a réformé le code du travail en 2016 durant le quinquennat de M. Hollande.

« François Hollande a fait en 2016 une réforme qui n’a pas été annoncée, expliquée, discutée dans les détails avec les organisations syndicales, nous nous avons fait tout l’inverse. On en a parlé pendant la campagne. On a commencé un très intense travail de discussion avec l’ensemble des organisations syndicales pour aboutir à la fin de la semaine par cinq textes. Sur la méthode, il y a une profonde transformation. Je préfère la méthode que nous avons utilisée plutôt que ce qui avait pu être fait avant. »