Le scandale des œufs contaminés qui entache la filière agroalimentaire européenne est sans doute loin d’être terminé. Mercredi 23 août, la ministre de la santé des Pays-Bas, Edith Schippers, et le secrétaire d’Etat aux affaires économiques, Martjin van Dam, ont révélé, dans une lettre adressée au Parlement européen, qu’outre le fipronil – le produit biocide déjà incriminé dans cette affaire –, un autre insecticide, l’amitraze, avait été utilisé dans un élevage bovin et avicole. Le produit, « modérément toxique », aurait été fourni par la société néerlandaise ChickFriend, déjà à l’origine du traitement contre le pou rouge contenant du fipronil.

Le ministère de l’agriculture français a rapidement indiqué qu’il n’avait pas été alerté, par la Commission de Bruxelles, sur la présence éventuelle de ce second insecticide dans les ovoproduits venant des Pays-Bas et de Belgique. « Les services officiels français n’ont reçu aucune alerte du Rapid Alert System for Food and Feed [un dispositif de partage de l’information mis en place en 1979 entre les pays de l’Union européenne et leurs autorités sanitaires] qui aurait indiqué l’envoi de produits contenant de l’amitraze vers les autres Etats membres », a précisé le ministère à l’AFP.

Mais qu’est-ce que l’amitraze ? Il s’agit, comme le fipronil, d’une substance insecticide et acaricide, dont les effets neurotoxiques paralysent et provoquent ainsi la mort des parasites, indique au Monde l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Depuis 2008, ce produit est, de même que le fipronil, interdit en France – comme dans l’ensemble de l’Europe – en tant que biocide ou agent phytopharmaceutique. Il n’est autorisé qu’en tant que médicament vétérinaire pour des indications particulières, principalement sur les animaux dits « de rente », bovins, ovins, caprins et porcins, pour les débarrasser de leurs parasites. Il est utilisé dans ce cas par application directe sur les animaux, et non par pulvérisation sur les cages ou sur les bâtiments des élevages, au contraire de l’usage fait du fipronil dans des exploitations de poules pondeuses.

L’amitraze bénéficie au total de huit autorisations de mise sur le marché, précise l’Anses : une pour la solution destinée aux animaux de rente, deux pour des « lanières » antiparasitaires pour abeilles et cinq pour des colliers antiparasites pour chiens. En aucun cas cette substance ne devrait donc se retrouver dans un élevage avicole ou un atelier de fabrication d’ovoproduits, où sa présence relèverait d’un usage frauduleux.

Quant à la toxicité de cet insecticide, elle est « de faible à modérée », indique l’Anses. La « valeur toxicologique de référence aiguë » (seuil au-delà duquel un risque aigu n’est pas exclu) est de 0,01 milligramme par kilo de poids corporel (mg/kg), celle du fipronil étant, à titre de comparaison, de 0,009 mg/kg. Ce produit présente donc relativement peu de risque, hors exposition accidentelle à de fortes doses.